Laprochaine sĂ©ance des Doctoriales se tiendra sur Zoom et sur inscription (en Ă©crivant Ă  contact.doctoriales.serd@gmail.com) le samedi 12 dĂ©cembre de 10h30 Ă  12h30. Elle sera composĂ©e de deux communications : “Le cirque entre marginalitĂ© et culture de masse” de LĂ©a de Truchis (UniversitĂ© Paul ValĂ©ry Montpellier 3) et “‘D’un cĂŽtĂ© l’univers et de l’autre

1Ce chapitre se propose d’éclairer le rĂŽle de l’art et des artistes dans les sociĂ©tĂ©s française, espagnole et anglaise du xviie siĂšcle. Le xviie siĂšcle voit dans les pays considĂ©rĂ©s l’affirmation de l’écrivain et de l’artiste qui doivent leur place sociale nouvelle aux fonctions que leurs Ɠuvres remplissent, au service des pouvoirs spirituels et temporels. Lettres et arts partagent au xviie siĂšcle un mĂȘme souci de la rhĂ©torique, c’est-Ă -dire du maniement des moyens de faire voir et comprendre Ă  autrui, pour la plus grande gloire du souverain, de la religion, ou la dĂ©lectation d’un collectionneur. L’existence de modĂšles et de rĂšgles, la plupart issus de l’AntiquitĂ© et sans cesse retravaillĂ©s, Ă©loigne Ă©galement l’artiste du xviie siĂšcle de notre idĂ©al romantique du crĂ©ateur original, voire incompris. 2Aussi convient-il dans un premier temps de tracer un portrait d’ensemble de la condition des artistes qui restitue leur place particuliĂšre dans la sociĂ©tĂ©. Il s’agit d’un monde hiĂ©rarchisĂ©, notamment en France au sein des structures acadĂ©miques, bien que ces derniĂšres n’exercent jamais qu’un contrĂŽle imparfait sur l’activitĂ© artistique. Dans un deuxiĂšme temps, on s’attachera Ă  comprendre comment le dĂ©veloppement des collections et du marchĂ© de l’art modifie les anciens liens de dĂ©pendance par rapport Ă  la commande publique et privĂ©e. On assiste au xviie siĂšcle Ă  une transformation de la valeur du produit artistique, parallĂšle Ă  l’émergence de l’individu social artiste ». Une troisiĂšme partie se propose, Ă  la lumiĂšre des conditions de production de l’Ɠuvre esquissĂ©e jusqu’ici, de s’interroger sur la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© dans les arts. Quelques exemples permettront de rappeler l’intĂ©rĂȘt mais aussi les problĂšmes posĂ©s par les documents littĂ©raires et artistiques en histoire sociale. IdentitĂ© de l’art et des artistes Émergence des notions d’art et de littĂ©rature. Promotion sociale de l’artiste 3On voit indĂ©niablement se prĂ©ciser les statuts de l’artiste et de l’écrivain au xviie siĂšcle, avec une chronologie et des incidences diffĂ©rentes d’un pays Ă  l’autre. Ce mouvement prend naissance dans la Renaissance italienne, deux siĂšcles plus tĂŽt, Ă  travers une institution bientĂŽt officialisĂ©e et protĂ©gĂ©e par les princes, l’acadĂ©mie. La premiĂšre rĂ©union d’humanistes voulant faire revivre les rĂ©unions de Platon et de ses disciples dans les jardins d’AkadĂ©mos est celle initiĂ©e par Marsile Ficin et Pic de la Mirandole Ă  Florence sous le rĂšgne de Laurent le Magnifique. Le mouvement acadĂ©mique va prendre une grande ampleur en Italie au xvie siĂšcle on y compte pas moins de 500 acadĂ©mies vers 1530. Elles se spĂ©cialisent et acquiĂšrent un statut officiel avec devises, rĂ©unions rĂ©guliĂšres, voire enseignement. D’abord nettement philosophiques et littĂ©raires, en opposition Ă  l’enseignement universitaire, des acadĂ©mies de peinture et de sculpture voient le jour, en opposition aux contraintes des corporations, avec le soutien des princes. CĂŽme de MĂ©dicis prĂ©side l’Academia fiorentina créée en 1540 et l’Accademia del disegno créée en 1563. Par un dĂ©cret de 1571, il libĂšre les artistes de son AcadĂ©mie des obligations corporatives. De la mĂȘme maniĂšre, Ă  Rome, la crĂ©ation de l’AcadĂ©mie de Saint-Luc, protĂ©gĂ©e par le cardinal BorromĂ©e, est le signe et le moyen d’une promotion des peintres, puisque, par une abondante production thĂ©orique, elle s’efforce de creuser la distance entre le travail manuel de l’artisan et le travail conceptuel de l’artiste la peinture est d’abord cosa mentale » une production de l’esprit. Comme le poĂšte, l’architecte, le peintre ou le sculpteur affirment que leur art est libĂ©ral » et non mĂ©canique ». Voir le plaidoyer prononcĂ© en 1667 par Nicolas Lamoignon pour le recteur de l’AcadĂ©mie, GĂ©rard Von Opstal qui rĂ©clamait le paiement d’ouvrages pour lesquels, selon le rĂšglement des mĂ©tiers, il y avait prescription N’a-t-on pas sujet Ă  dire que les peintres sont inspirĂ©s par quelque divinitĂ© aussi bien que les poĂštes ? Et que pour donner la vie Ă  des choses inanimĂ©es, il faut ĂȘtre en quelque sorte au-dessus de l’homme ? » La promotion des uns induit une dĂ©valorisation des mĂ©tiers demeurĂ©s au sein des corporations et des querelles infinies entre anciennes et nouvelles institutions. Les acadĂ©mies, qui contrĂŽlent les artistes, leur assurent en Ă©change libertĂ© et supĂ©rioritĂ© par rapport aux autres artisans. Christian Jouhaud a montrĂ© que les auteurs trouvent paradoxalement une autonomie croissante Ă  l’intĂ©rieur d’une dĂ©pendance de plus en plus forte par rapport au pouvoir 1 Dotoli G., LittĂ©rature populaire et groupe dominant. Évasion et contre-Ă©vasion chez Adam Billaut ... 2 La Roque de la LontiĂšre G. A., TraitĂ© de la noblesse, Paris, E. Michalet, 1678, p. 413, citĂ© ibide ... 4Les artistes en viennent donc Ă  occuper ou Ă  ambitionner une place sociale particuliĂšre en raison du lien qu’ils entretiennent avec le pouvoir, mĂȘme si, comme nous le verrons, tous n’appartiennent pas Ă  une structure officielle de type acadĂ©mique et mĂȘme si les artistes de cour constituent une minoritĂ© enviĂ©e. Hommes de lettres et praticiens des arts libĂ©raux sont animĂ©s, certes Ă  des degrĂ©s divers, d’une volontĂ© de distinction sociale. Si la pratique d’un art anoblit, elle pose le problĂšme de la distribution sociale des talents. Un homme du peuple peut-il ĂȘtre poĂšte ? Une origine ignoble ne s’oppose-t-elle pas Ă  la pratique d’un art ? La carriĂšre d’Adam Billaut, poĂšte menuisier, analysĂ©e par Giovanni Dotoli permet au moins de poser la question. Une des plus rares choses du siĂšcle », selon l’abbĂ© de Marolles qui l’a dĂ©couvert, ce fils de paysans pauvres, menuisier Ă  Nevers, a formĂ© sa muse au catĂ©chisme paroissial, Ă  la lecture des livres de colporteurs et des almanachs populaires. En 1636 il rencontre Ă  Nevers l’abbĂ© de Marolles, ancien prĂ©cepteur et bibliothĂ©caire de la duchesse Marie de Gonzague. Cette rencontre est dĂ©cisive en 1638 il est Ă  Paris, il obtient une pension de Richelieu et du chancelier SĂ©guier, qui ne sera cependant jamais versĂ©e. Il se met Ă  l’école des libertins et connaĂźt un succĂšs Ă©phĂ©mĂšre dans la capitale. DĂšs son deuxiĂšme sĂ©jour Ă  Paris 1640, il est en butte aux sarcasmes de ses collĂšgues. ScudĂ©ry, dans l’Approbation du Parnasse qui prĂ©cĂšde son premier recueil, les Chevilles 1644, s’interroge ainsi Quel Dieu t’a rendu son oracle ?/[
] Dois-tu passer dans l’univers/Pour un monstre ou pour un miracle/O prodige entre les esprits/Qui sait tout et n’a rien appris1. » Bien vite, on va trancher pour le monstre plutĂŽt que pour le prodige. Au moment de la naissance de l’artiste par la valorisation de l’étude et du savoir, on rĂ©pugne Ă  admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et l’appĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă  sa subsistance rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux d’un gentilhomme2 ». L’approbation du Parnasse n’a guĂšre durĂ© ; l’échec de Billaut tĂ©moigne du souci de distinction sociale des littĂ©rateurs parisiens et de leurs protecteurs. Le poĂšte menuisier menace les efforts de promotion des arts, insĂ©parables d’une dĂ©valorisation des mĂ©tiers. G. Dotoli estime que l’Ɠuvre de Billaut confirme que l’opposition entre culture populaire et culture savante est absolument insoutenable ». Au contraire, on pourrait utiliser l’échec du poĂšte menuisier pour montrer une sĂ©paration croissante dans la France du xviie siĂšcle entre culture populaire et culture des Ă©lites, culture de rĂ©fĂ©rence Ă  partir de la formation humaniste, [
] culture Ă©loignĂ©e de tout ce qui est concret, du monde des mĂ©tiers, de tout ce qui est dĂ©sormais jugĂ© vulgaire, sale ou ridicule » Rioux et Sirinelli. 5On voit ainsi se dessiner une conscience sociale, mĂȘme si les artistes entretiennent des liens familiaux forts avec le monde des mĂ©tiers urbains. Le pĂšre de Puget est maçon, celui de Girardon fondeur ; Shakespeare est le fils d’un boucher de Stratford-sur-Avon. On trouve, dans les alliances familiales de Charles Le Brun, beaucoup de peintres et de sculpteurs, mais aussi des Ă©crivains, des tapissiers, des charpentiers et des fondeurs. Le peintre et architecte Inigo Jones, qui domine l’art anglais dans la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle, est fils de tailleur et reçoit une formation de peintre, costumier et dĂ©corateur de théùtre. La solidaritĂ© est renforcĂ©e par des mariages, qui permettent les collaborations entre beaux-pĂšres et gendres et entre beaux-frĂšres ; les fratries sont nombreuses Vouet, Boullogne, Anguier
. Une relative mobilitĂ© permet en France Ă  des fils d’artistes d’embrasser la carriĂšre juridique et des artistes peuvent descendre de petits officiers les Le Nain. Une volontĂ© de distinction s’observe dans les gĂ©nĂ©alogies romancĂ©es que se forgent des familles d’artistes Ă  succĂšs, comme les Mansart, qui prĂ©tendent descendre d’un mythique chevalier romain, chargĂ© par Hugues Capet d’édifier des monastĂšres. Il se lit aussi dans la rĂ©alisation d’autoportraits, individuels ou familiaux, dans lesquels les artistes se reprĂ©sentent en costumes soignĂ©s, avec des attributs du savoir livres, de la sociabilitĂ© Ă©lĂ©gante ou des arts libĂ©raux musique, mathĂ©matique. 6Il faut souligner que la promotion des artistes reste un phĂ©nomĂšne trĂšs limitĂ© en Espagne, oĂč leur position sociale est peu enviable malgrĂ© la rĂ©flexion sur la noblesse des arts et les procĂ©dures engagĂ©es par exemple pour faire reconnaĂźtre Ă  la peinture le statut d’art libĂ©ral, procĂ©dures encouragĂ©es par des hommes de lettres comme Calderon J. Gallego. La plupart des peintres vivent dans une grande pauvretĂ© et une part importante de leurs revenus provient de la dorure et de la mise en couleur des sculptures religieuses, le plus souvent polychromes. Ils ne s’émancipent que difficilement. De cette situation tĂ©moigne par exemple Le Vendeur de tableaux de JosĂ© Antolinez v. 1670, Munich, Alte Pinakothek oĂč l’on voit un homme en guenille, le marchand tratante, visiter l’atelier du peintre, oĂč rĂšgne le plus grand dĂ©nuement et lui acheter une copie d’une Vierge Ă  l’Enfant de Scipion Pulzone. 7Les plus ambitieux des artistes espagnols cherchent donc Ă  Madrid une meilleure reconnaissance. De mĂȘme, l’installation Ă  Paris tĂ©moigne d’une volontĂ© d’ascension vers le statut d’artiste. David Maland a calculĂ©, sur un Ă©chantillon de 200 auteurs pour chaque siĂšcle, que 70 % des littĂ©rateurs français meurent en province au xvie siĂšcle, contre 48 % seulement au xviie siĂšcle. La mobilitĂ© caractĂ©rise dans une large mesure les artistes, qui se dĂ©placent pour suivre la commande, dans les arts plastiques, ou le public, dans les arts de la scĂšne. Quelques centres, caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence de la cour, se renforcent Rome, Paris, et, dans une moindre mesure, Madrid. Si les artistes constituent un milieu solidaire, il n’est pas pour autant fermĂ© ; les Ă©trangers, surtout les Italiens et les Flamands, dominent la scĂšne picturale anglaise, et, pour une bonne partie du siĂšcle, espagnole. La piĂštre considĂ©ration portĂ©e aux peintres nationaux est cause, selon le peintre et historien de l’art Jusepe MartĂ­nez, de l’exil dĂ©finitif d’Antonio Ribera Ă  Naples. Nationaux et Ă©trangers contractent ensemble des mariages. Chez les peintres, les sculpteurs et les architectes, le voyage, en particulier le voyage d’Italie, est un Ă©lĂ©ment essentiel de formation. En Angleterre, la rupture dĂ©cisive avec l’art de la fin du Moyen Âge est le rĂ©sultat du voyage d’Inigo Jones en Italie, en 1615, oĂč il accompagnait le comte d’Arundel. Cinquante ans plus tard, Christopher Wren visite les Provinces Unies, les Pays-Bas et la France. En France, on date traditionnellement du retour de Rome de Simon Vouet, en 1627, la naissance de l’école française. Les peintres espagnols voyagent peu en Italie, en revanche, les Français se retrouvent en nombre Ă  Rome, oĂč ils font quelquefois carriĂšre pendant plusieurs annĂ©es, voire s’y installent dĂ©finitivement Nicolas Poussin, Claude Lorrain. Vers 1600-1620, le mode de vie des peintres qui se retrouvent autour de la Piazza del Popolo, Ă  Rome, prĂ©figure dĂ©jĂ  celui des sociĂ©tĂ©s d’artistes telles qu’on les connaĂźtra jusqu’au Montparnasse des annĂ©es 1920, avec son recrutement international, ses lieux d’échanges les ateliers, les tavernes, sa libertĂ© de recherche artistique et de mƓurs. De la mĂȘme maniĂšre on voit se dĂ©velopper la sociabilitĂ© littĂ©raire autour des cabarets, certains investis par un groupe particulier, comme les libertins qui, Ă  Paris, se retrouvent À la Pomme du Pin, Au Cormier ou encore À la Fosseaux-Lions. Organisation des artistes et diffĂ©rences des carriĂšres 8Le xviie siĂšcle est un moment de thĂ©orisation et de hiĂ©rarchisation des arts et des artistes. La notion fondamentale est celle de genre. Le genre est en art et en littĂ©rature une sĂ©rie homogĂšne d’Ɠuvres rĂ©pondant Ă  des attentes dĂ©terminĂ©es et tendant Ă  se fixer par la reproduction de modĂšles Ă©prouvĂ©s. BĂ©rĂ©nice de Racine ou la Princesse de ClĂšves de Mme de Lafayette ont Ă©tĂ© critiquĂ©s parce qu’ils mĂ©langeaient les genres. Une hiĂ©rarchie trĂšs forte met au premier rang, en vers, l’épopĂ©e et la tragĂ©die, en prose, l’éloquence. Le roman est au bas de l’échelle et ses praticiens cherchent Ă  l’anoblir en lui confĂ©rant des rĂšgles. En peinture, se met en place progressivement une dĂ©finition et une hiĂ©rarchisation des genres, la peinture la plus noble et la plus prestigieuse Ă©tant la peinture d’histoire sacrĂ©e ou profane. Ces rĂ©flexions se dĂ©veloppent au sein des acadĂ©mies. 9Le systĂšme des AcadĂ©mies en France cherche Ă  mettre l’action des artistes au service de l’État. En crĂ©ant un discours cohĂ©rent sur la langue et le goĂ»t, les acadĂ©mies contribuent Ă  crĂ©er une culture commune aux Ă©lites et un consensus autour du pouvoir royal, que tous les arts sont chargĂ©s de cĂ©lĂ©brer. Unissant les artistes dans des institutions contrĂŽlĂ©es par l’État, les AcadĂ©mies engendrent une vĂ©ritable rĂ©volution dans la centralisation et la hiĂ©rarchisation des arts. 10L’AcadĂ©mie française reste le modĂšle de toutes les acadĂ©mies. Créée en 1634 par un groupe de lettrĂ©s, officialisĂ©e par Richelieu, son rĂŽle est d’institutionnaliser la langue commune de la nation. Il s’agit de mettre en place un lissage de la langue, de donner un langage commun. Chaque discours s’achĂšve par l’apologie du monarque. À l’image de l’AcadĂ©mie française, l’AcadĂ©mie royale de peinture et sculpture est créée en 1648. Le principe de sa fondation en est un peu diffĂ©rent, Charles Le Brun et d’autres artistes conçoivent une AcadĂ©mie placĂ©e sous la protection du chancelier SĂ©guier pour que les peintres puissent s’affranchir de la tutelle de la maĂźtrise qui succĂšde aux corporations mĂ©diĂ©vales. Elle fonde son enseignement sur le dessin et le modĂšle vivant, Ă  l’image de l’acadĂ©mie que les Carrache avaient fondĂ©, Ă  la fin du xvie siĂšcle, Ă  Bologne. L’institution rompt avec les pratiques corporatistes, par l’utilisation du dessin et l’approche directe de la nature, et donne un statut libĂ©ral Ă  la peinture qui n’est pas seulement affaire d’imitation. En 1663, Louis XIV restructure l’institution en la hiĂ©rarchisant. Son rĂŽle doctrinal est affirmĂ©. Il nomme Le Brun chancelier permanent. En 1668, l’artiste cumule les fonctions de chancelier et de recteur, enfin, en 1683, il est nommĂ© directeur. On assiste Ă  la mise en place d’expositions prĂ©vues normalement tous les deux ans et accompagnĂ© d’un livret, ancĂȘtre des catalogues. Mais il n’y en aura que dix sous Louis XIV. 11Un rĂŽle de coordinateur » est assurĂ© par la Petite AcadĂ©mie fondĂ©e en 1663. Elle comprend cinq membres reprĂ©sentant des cinq arts. Elle administre l’ensemble de la production intellectuelle et tient lieu de direction gĂ©nĂ©rale de la vie culturelle. Elle est dirigĂ©e par un conseil restreint dĂšs sa crĂ©ation les hommes de lettres Bourzeis, Cassagne, Chapelain et Perrault. C’est l’Ɠil du pouvoir sur la production intellectuelle française. Ce rĂŽle de coordination limite la libertĂ© et l’originalitĂ© dans la crĂ©ation. La petite AcadĂ©mie contrĂŽle tout, elle chapeaute l’ensemble des institutions. La souplesse de sa structure s’oppose Ă  la rigiditĂ© hiĂ©rarchique des autres AcadĂ©mies. Celles-ci, d’ailleurs, ne sont pas seulement des AcadĂ©mies artistiques Ă  l’image de l’AcadĂ©mie d’escrime. La petite AcadĂ©mie n’a pas de rĂšglement avant juillet 1701, aprĂšs cette date, elle devient officiellement l’AcadĂ©mie des inscriptions et des mĂ©dailles. 12À partir de 1661, on assiste Ă  une institutionnalisation de tous les arts sous Louis XIV les maĂźtres Ă  danser, puis les musiciens et les danseurs se fĂ©dĂšrent en AcadĂ©mies, toujours dans le but de lutter contre la maĂźtrise, accusĂ©e de dĂ©cadence des arts. En 1666 est fondĂ©e l’AcadĂ©mie de France Ă  Rome qui accueille les meilleurs jeunes artistes français afin de complĂ©ter leur formation. La mĂȘme annĂ©e voit la crĂ©ation de l’acadĂ©mie des sciences. En 1669, c’est la fondation de l’AcadĂ©mie royale de musique puis, en 1671, celle d’architecture qui scelle la sĂ©paration entre les architectes et les maçons. Il y a mĂȘme eu une tentative de crĂ©ation d’une acadĂ©mie de thĂ©ologie, mais celle-ci est rapidement dissoute en raison des inquiĂ©tudes formulĂ©es par la Sorbonne qui craint de perdre ses privilĂšges. Il en va de mĂȘme pour le théùtre. AprĂšs la mort de MoliĂšre, on ne crĂ©e pas explicitement une acadĂ©mie de théùtre, mais il y a bien un monopole de fait car un seul type de spectacle doit recevoir le label du Roi, comme pour l’opĂ©ra. La volontĂ© de diffusion des grandes Ɠuvres du rĂ©pertoire aboutie, en 1680, Ă  la fondation la ComĂ©die française. 13Le monopole des AcadĂ©mies sur les diffĂ©rents arts traduit le corps du Roi en peinture, en sculpture et en poĂ©sie » ApostolidĂšs. Avec ces institutions, c’est l’ensemble des arts qui se met au service de la gloire monarchique. À partir de 1660, on assiste Ă  une multiplication des AcadĂ©mies en province qui vont rĂ©pandre la mode en vigueur Ă  la cour. L’exemple de celle de Lyon, fondĂ©e en 1667, va servir de modĂšle pour d’autres villes. 14L’Angleterre a Ă©tĂ© tentĂ©e par ce modĂšle, mais l’instabilitĂ© politique qui y rĂšgne ne s’y prĂȘte pas. Les artistes se rassemblent dans des clubs ou des sociĂ©tĂ©s. Une tentative d’organisation des arts se met en place sous Charles II dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle. Ambitionnant de rivaliser avec Louis XIV, il reprend le modĂšle français de l’AcadĂ©mie et place Ă  sa tĂȘte le peintre italien Antonio Verrio v. 1636-1707. Mais, l’absence d’une autoritĂ© centrale organisĂ©e pour contrĂŽler le travail comme c’est le cas en France avec Colbert et la nature sporadique des mĂ©cĂšnes anglais ont rendu cette volontĂ© difficile, voire impossible. 15En Espagne, la crĂ©ation des acadĂ©mies de Madrid et de Valence est un Ă©chec. Leur volontĂ© de contrĂŽler l’activitĂ© des peintres en favorisant un monopole de la production et du marchĂ© de la peinture se heurte Ă  une opposition trĂšs forte des corporations. Il se dĂ©veloppe alors un dĂ©bat original sur la peinture en tant qu’art libĂ©ral. Le colegio » AcadĂ©mie de Valence tend en effet Ă  favoriser le nĂ©potisme en fixant le prix des examens, empĂȘchant ainsi Ă  tout un groupe de la population de rĂ©aliser et de vendre leurs Ɠuvres. L’institution crĂ©e Ă©galement d’énormes difficultĂ©s aux artistes Ă©trangers voulant s’installer dans la ville et interdit purement et simplement la vente de peintures Ă©trangĂšres qui Ă©taient moins chĂšres que celles fabriquĂ©es Ă  Valence. Tout cela va aboutir Ă  un nombre important de plaintes arguant du statut d’art libĂ©ral de la peinture. Les plaignants infĂ©rant que si la peinture est effectivement un art libĂ©ral, elle doit suivre le modĂšle des autres arts libĂ©raux. Dans une ville comme Valence, on devrait trouver des peintures de diffĂ©rentes qualitĂ©s et Ă  des prix diffĂ©rents ; en fait, un accĂšs Ă  la peinture pour tous. Finalement, en 1617, Philippe II se range du cĂŽtĂ© de la ville contre l’AcadĂ©mie. L’AcadĂ©mie de Madrid, créée en 1603, attend toujours la protection royale en 1619. L’échec est moins clair qu’à Valence, mais lĂ  encore, il semble que l’opposition soit venue de peintres individuels, certainement ceux qui s’opposaient Ă  l’examen pour obtenir la licence. 16En France mĂȘme, oĂč l’hĂ©gĂ©monie du pouvoir royal est quasi complĂšte, l’institutionnalisation des arts ne s’est pourtant pas faite sans heurts. La rĂ©action au mouvement acadĂ©mique va trouver un soutien auprĂšs d’autres corps qui, Ă  ce moment, perdent aussi de leurs privilĂšges, les Parlements. Ainsi le Parlement de Paris va-t-il soutenir les corporations pour tenter d’enrayer l’effritement de son pouvoir et ce, dĂšs la fondation de l’AcadĂ©mie française. Entre 1648 et 1663, la corporation des maĂźtres peintres, soutenue par le Parlement, et l’AcadĂ©mie de peinture, soutenue par Colbert et le pouvoir royal, se heurtent Ă  des oppositions constantes. Ils se livrent une vĂ©ritable guerre d’usure qui voit finalement la dĂ©route de la maĂźtrise. Enfin, les dĂ©bats esthĂ©tiques continuent comme celui entre le dessin et la couleur qui on lieu Ă  Paris, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle. 17On peut dire que deux carriĂšres s’offre Ă  l’artiste, celle de la cour et celle de la ville, bien que les plus rĂ©ussies marient les deux. Diego VĂ©lasquez 1599-1660 est l’exemple de l’artiste-courtisan. Il passe plus de trente ans au service de Philippe IV d’Espagne. Le roi l’emploie comme peintre, architecte dĂ©corateur, mais aussi fournisseur d’Ɠuvres d’art et courtisan jusqu’à devenir grand marĂ©chal du palais » en 1652. Plus encore que Charles Le Brun auprĂšs de Louis XIV ou qu’Antonio Verrio auprĂšs des rois d’Angleterre, il est le modĂšle de l’artiste de cour. Il faut distinguer, en Espagne, deux types de peintres rattachĂ©s au palais, les peintres du Roi et le peintre de la Chambre. Si les premiers sont de nombre variable entre quatre et six, il n’y a qu’un seul peintre de la Chambre dont l’occupation principale est de portraiturer le monarque et sa famille. C’est le cas de VĂ©lasquez sous le rĂšgne de Philippe IV, ce sera Juan Carreno de Miranda au temps de Charles II. 18En dehors des capitales, certains foyers sont trĂšs actifs et les artistes y vivent de commandes et de protections rĂ©gionales, publiques ou privĂ©es. À Toulouse se dĂ©veloppe ainsi un foyer original et trĂšs actif autour notamment de la figure de Nicolas Tournier qui, aprĂšs un voyage Ă  Rome, synthĂ©tise les formes caravagesques et les formes locales. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, l’invention des AcadĂ©mies tend en France Ă  lisser les diffĂ©rences rĂ©gionales. L’exemple du sculpteur, peintre et architecte Pierre Puget, le Michel Ange de la France », semble relativement unique dans l’art français du deuxiĂšme xviie siĂšcle. Il rĂ©ussit Ă  mener une carriĂšre en Italie et en Provence loin de la cour et de l’AcadĂ©mie. Devenu cĂ©lĂšbre, Colbert lui commandes de grands marbres Milon de Crotone, achevĂ© 1682. 19La situation dans les arts du spectacle est assez similaire. Le dramaturge du xviie siĂšcle voit s’ouvrir devant lui deux voies. Celle, traditionnelle, de la protection d’un prince ou d’un grand et celle, nouvelle, d’entrepreneur de spectacles. Avec l’ouverture de théùtres publics et l’organisation de tournĂ©es, l’activitĂ© de l’auteur se commercialise. Il vend sa piĂšce Ă  une compagnie ou, s’il en est actionnaire, il obtient une participation aux bĂ©nĂ©fices. La publication des piĂšces est un autre facteur de commercialisation du mĂ©tier d’auteur, bien que le dĂ©sir d’exclusivitĂ© des troupes fasse quelquefois obstacle Ă  l’impression des piĂšces. Cependant un dramaturge qui rĂ©ussit est celui qui associe les deux carriĂšres, comme Shakespeare, auteur et acteur d’une troupe qui joue aussi bien pour la cour que la ville ou encore Lope de Vega, protĂ©gĂ© du duc d’Albe mais dont les piĂšces sont aussi jouĂ©es dans les théùtres publics corrales. Les tensions entre artistes de la cour et de la ville peuvent ĂȘtre plus aiguĂ«s et s’exercer aux dĂ©pens de la ville. A Paris, la musique en vient Ă  ĂȘtre gĂ©rĂ©e entiĂšrement par la Maison du roi, entraĂźnant une situation trĂšs prĂ©caire pour les musiciens de la ville rĂ©gis par la confrĂ©rie de saint Julien des MĂ©nestriers. Collections et marchĂ© de l’art 20Les Ɠuvres d’art rĂ©pondent Ă  diffĂ©rentes attentes, entre Ă©dification, glorification monarchique et dĂ©lectation. Un trait significatif du xviie siĂšcle europĂ©en est le dĂ©veloppement des collections, dans lesquelles peintures et sculptures, dĂ©tachĂ©es de toute autre fonction, notamment religieuse, acquiĂšrent rĂ©ellement le statut d’Ɠuvres d’art. Le dĂ©veloppement des collections 21La collection princiĂšre existe au xvie siĂšcle, mais elle prend une tout autre ampleur au siĂšcle suivant. Les souverains espagnols, en particulier, hĂ©ritent ce goĂ»t du grand collectionneur que fut Philippe II. Le Prado est le premier palais royal oĂč les peintures sont exposĂ©es en permanence, concurrençant la tapisserie pour la dĂ©coration murale. La dĂ©coration du palais de l’Escorial, dans les annĂ©es 1580, est conçue pour l’exposition de peintures de prestige. En 1700, le roi d’Espagne possĂšde 5 500 tableaux, dont la moitiĂ© acquise par Philippe IV. Les rois de France prĂ©fĂšrent le prestige du bĂątisseur Ă  celui du collectionneur A. Schnapper ; cependant, Louis XIV renoue avec le collectionisme somme toute modeste de François Ier ; entre 1660 et 1693, il forme une des premiĂšres collections d’Europe pour les mĂ©dailles et les pierres gravĂ©es, les pierres prĂ©cieuses, les tableaux, les dessins et les gravures. Assez peu intĂ©ressĂ© personnellement, il laisse Ă  ses ministres le soin de rassembler les trĂ©sors du cabinet du roi. Selon A. Schnapper, les collections ne sont ni nĂ©cessaires ni bien efficaces pour assurer la gloire du roi et l’étendre aux nations Ă©trangĂšres ». Charles Ier est bien d’avantage un amateur d’art. Lors de la vente de ses biens par les rĂ©publicains, ce sont prĂšs de 2 000 peintures, tapisseries, statues et dessins qui sont destinĂ©s Ă  Ă©ponger les dettes du monarque dĂ©funt. Au-delĂ  des princes, les grandes collections se rencontrent chez les personnages qui exercent un rĂŽle important, ou parmi ceux qui sont les plus liĂ©s Ă  la reprĂ©sentation du pouvoir, les ambassadeurs. La collection s’épanouit dans les lieux de pouvoir. Les ministres et les favoris – en France, Richelieu et Mazarin ; en Angleterre, avant la RĂ©volution, Arundel, Buckingham et Hamilton – sont au premier rang des collectionneurs. Sous Philippe IV, le marquis de LeganĂ©s possĂšde 1100 tableaux, le marquis de Carpio, plus de 3 000. 22Progressivement, les collections universelles, du type cabinet de curiositĂ©s, cĂšdent le pas aux collections spĂ©cialisĂ©es. Le xviie siĂšcle voit Ă  la fois l’apogĂ©e et le dĂ©but du dĂ©clin de la Kunst-und Wunderkamern K. Pomian. Apparaissent des collections autonomes de tableaux. Rome a un rĂŽle capital dans le collectionisme, puisque c’est lĂ  avec Venise que s’approvisionne toute l’Europe. C’est lĂ  aussi oĂč se forme le goĂ»t international qui met au premier rang de la valeur la peinture vĂ©nitienne et bolonaise du xvie siĂšcle. En Espagne, en Angleterre ou en France, ce sont toujours Titien et les VĂ©nitiens Tintoret, VĂ©ronĂšse d’une part, les Carrache et leurs suiveurs Guido Reni, l’Albane etc. d’autre part qui dominent les collections prestigieuses. 23Il faut noter que bien souvent les lettres et les arts ont des mĂ©cĂšnes communs. Souvent une belle collection s’accompagne d’une belle bibliothĂšque. Le peintre Eustache Le Sueur et le plus cĂ©lĂšbre luthiste français de l’époque, Denis Gaultier, ont pour mĂ©cĂšne Anne de ChambrĂ©, trĂ©sorier des guerres de Louis XIII et gentilhomme du prince de CondĂ©. ChambrĂ© commande Ă  ces deux artistes un manuscrit de luxe, La RhĂ©torique des dieux, recueil de piĂšces de luth de illustrĂ©. La collection suscite l’Ɠuvre littĂ©raire. Arts et lettres font partie d’une sociabilitĂ© dont le cƓur est l’art de la conversation. Les objets de collection sont, selon le mot de Krzysztof Pomian, des sĂ©miophores ». Au Moyen Âge, les collections de reliques, d’objets sacrĂ©s ou d' Ɠuvres d’art » sont aux mains de l’Église et du pouvoir temporel. Quand une hiĂ©rarchie de richesse se met en place, l’achat de sĂ©miophores, l’achat d’Ɠuvres d’art, la formation de bibliothĂšques ou de collections est une des opĂ©rations qui, transformant l’utilitĂ© en signification, permettent Ă  quelqu’un de haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie de la richesse d’occuper une position correspondante dans celle du goĂ»t et du savoir » K. Pomian. Le dĂ©veloppement des collections est ainsi insĂ©parable du dĂ©veloppement d’un marchĂ©. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art le marchĂ© de la peinture 24La demande d’images augmente au cours du siĂšcle. On constate un Ă©largissement progressif du public de la peinture, en particulier dans les pays catholiques. L’imagerie dĂ©votionnelle nourrit le mouvement, mais Ă  la marge se diffusent aussi les genres portrait, nature morte, paysage
, en raison des nouveaux usages de la peinture, qui apparaĂźt de plus en plus dans les intĂ©rieurs. Plus tardivement, cet appĂ©tit d’images est lisible aussi en Angleterre en 1705, 80 % des inventaires de l’Orphan’s Court de Londres rĂ©vĂšlent la possession de tableaux, contre 44 % seulement en 1675. Certes, cette prĂ©sence de la peinture est liĂ©e Ă  la richesse mais ces inventaires montrent que les ordinary tradespeople ont autant de tableaux que les professionals et les gentryhouseholders. 25Le mĂ©tier de marchand de tableaux s’autonomise et se professionnalise peu Ă  peu. Les formes les plus structurĂ©es de marchĂ© de l’art se rencontrent Ă  Anvers, qui nourrit toute l’Europe de ses peintures, de tous les genres et de tous les prix. Il faut noter le fort goĂ»t pour la peinture flamande, parallĂšle au goĂ»t dominant vĂ©nĂ©to-bolonais. Anvers vend pour tous les publics et Ă  tous les prix. Mais d’autres lieux prennent de l’importance, oĂč l’on retrouve souvent les marchands du Nord. À Paris, la foire Saint-Germain, une des trois plus importantes de Paris, se spĂ©cialise au dĂ©but du xviie siĂšcle en marchĂ© des objets de luxe soie, bijoux, or mais aussi tableaux. Depuis la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, les marchands d’Anvers ont le monopole du marchĂ© parisien de la peinture. Ils viennent Ă  Paris chaque annĂ©e pour la foire. Vers 1620-1630, ils font face aux efforts protectionnistes de la maĂźtrise des peintres de Paris, qui les obligent Ă  tenir boutique de façon permanente en France, voire de demander la naturalisation, pour continuer leur commerce. Les Français rĂ©ussissent ainsi Ă  endiguer l’influence des marchands d’Anvers. Mais une autre compĂ©tition pour le contrĂŽle du marchĂ© se dĂ©roule alors entre les artistes-marchands et les marchands merciers qui finiront par l’emporter Ă  la fin du siĂšcle on connaĂźt par Watteau la boutique du cĂ©lĂšbre Gersaint. 26Diverses formes de transaction existent mais les ventes publiques aux enchĂšres prennent progressivement de l’importance, notamment en Angleterre ; elles permettent en effet aux comportements agonistiques de se donner libre cours dans un face Ă  face pendant lequel on manifeste simultanĂ©ment son goĂ»t, sa capacitĂ© de sacrifier de la richesse pour le satisfaire et ses possibilitĂ©s financiĂšres » K. Pomian. Les grandes ventes aux enchĂšres publiques deviennent ainsi des Ă©vĂ©nements mondains. À Londres, avant l’introduction des ventes aux enchĂšres d’Ɠuvres d’art, vers 1670, Samuel Pepys achĂšte directement aux artistes ou Ă  des stationers qui vendent aussi des livres. Le marchĂ© du livre est beaucoup plus organisĂ© que celui de l’art, grĂące Ă  la Stationers Company. Il n’y a pas de telle communautĂ© de marchands spĂ©cialisĂ©s dans l’art. Ce sont d’abord les virtuosi, les hommes de lettres londoniens, qui font la popularitĂ© des ventes aux enchĂšres, dont ils se servent comme d’une arĂšne des connaisseurs ». Elles touchent ensuite un public beaucoup plus large, les femmes aussi peuvent y assister. Les commissaires-priseurs ne peuvent pas encore se spĂ©cialiser dans les marchandises artistiques. La plupart vendent Ă  la fois des livres et des Ɠuvres d’art. 27Ces enchĂšres se dĂ©roulent surtout dans des coffeehouses comme Tom’s Coffeehouse ou Barbadoes Coffeehouse. À la mort de Charles II 1685, Londres est ainsi devenue un des marchĂ©s de l’art les plus actifs d’Europe. Au cours des ventes de Covent Garden, entre 1669 et 1692, plus de 35 000 peintures Ă  l’huile s’échangent. On a retrouvĂ©, protagonistes de ces Ă©changes, le nom de 20 nobles, 20 marchands et plus de 100 commoners. J. Brotton insiste sur le rĂŽle de la vente des biens de Charles Ier, qui a mis sur le marchĂ© des centaines d’Ɠuvres. Contrairement Ă  une opinion largement rĂ©pandue, Brotton soutient que cette vente n’est pas le seul fait de rĂ©publicains iconoclastes et ignorants des choses de l’art. Elle a Ă©tĂ© importante pour la formation du goĂ»t anglais puisqu’elle a rendu visibles les trĂ©sors des collections de la Couronne. À l’occasion de cet Ă©vĂ©nement, les tableaux royaux ont Ă©tĂ© transformĂ©s en marchandise, dĂ©truisant pour toujours leur exclusivitĂ© royale, les ĂŽtant au secret du palais royal et les livrant au monde de la vente publique ». 28En Espagne, depuis la fin du xvie siĂšcle, on voit dans les grandes villes des ventes d’art se dĂ©rouler prĂšs du marchĂ©, sur le perron de San Felipe ou Calle Mayor Ă  Madrid, par exemple, ou rue de Santiago Ă  Valladolid. Des lieux ouverts, une absence de toute rĂ©gulation des transactions on est bien loin des panden de Bruges et d’Anvers. Le marchĂ© est nourri par une importation massive des Pays-Bas et l’accroissement du nombre de peintres espagnols travaillant hors du cadre des corporations. Le dĂ©veloppement du marchĂ© entraĂźne l’utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e de mĂȘmes modĂšles et une certaine standardisation de la production. Il faut dire que le marchĂ© amĂ©ricain exige une masse considĂ©rable d’images religieuses. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle, pas moins de 24 000 peintures ont quittĂ© SĂ©ville pour l’AmĂ©rique. Des contrats exigent une grande rapiditĂ© de rĂ©alisation. Par exemple, le 26 juillet 1600, le peintre sĂ©villan Miguel VĂĄzquez s’engage Ă  livrer au marchand Gonzalo de Palma 1 000 portraits de figures profanes » de la mĂȘme taille 63 x 42 cm, Ă  raison de 25 par semaine, payĂ©s 4 reales piĂšce. Miguel Falomir observe que les prix de vente sur les foires et dans les stands de rue sont nettement infĂ©rieurs Ă  ceux offerts pour des Ɠuvres commissionnĂ©es. Cela n’empĂȘche pas des peintres cĂ©lĂšbres de participer aux ventes, comme BartolomĂ© Carducho, peintre du roi et marchand de tableaux. 3 Felipe de Guevara, Comentarios de pintura [vers 1560], Madrid, 1788, p. 4-5. 4 Relations, Lettres et discours
, Paris, 1660, Lettre IX, p. 235-23. 29Dans un marchĂ© de l’art naissant, se pose la question de l’attribution du prix. Quand il suggĂšre Ă  Philippe II d’exposer sa collection, Felipe de Guevara avance que les peintures cachĂ©es et tenues hors de la vue sont privĂ©es de leur valeur, qui rĂ©side dans les yeux des autres et leur apprĂ©ciation par des connaisseurs3 ». Traditionnellement, le prix d’une peinture Ă©tait liĂ© Ă  des critĂšres matĂ©riels comme les matĂ©riaux employĂ©s, le nombre, la taille et le costume des personnages. Cependant, depuis la Renaissance, la valeur est de plus en plus attachĂ©e Ă  un savoir, devient affaire de connaisseur rĂ©putation de l’artiste, authenticitĂ©, originalitĂ© de la composition, deviennent des critĂšres importants quand il s’agit des maĂźtres italiens ou nordiques les plus recherchĂ©s. À quoi s’ajoute pour les peintures anciennes la vie sociale » du tableau provenance, possesseur antĂ©rieur, lieu d’accrochage prĂ©cĂ©dent. Entre 1640-1660, les prix des tableaux anciens augmentent considĂ©rablement sur le marchĂ© parisien ; certains s’en Ă©meuvent, considĂ©rant scandaleux l’argent dĂ©pensĂ© en objets de vanitĂ©, comme Samuel SorbiĂšre, protestant rĂ©cemment converti, qui publie une lettre De l’excessive curiositĂ© en belles peintures4 ». Un dĂ©but de spĂ©culation suscite des rĂ©serves morales. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art accompagne une Ă©volution des consciences par rapport Ă  l’argent mais permet aussi une Ă©volution du mĂ©tier d’artiste. 30Nicolas Poussin 1594-1665 est l’exemple exceptionnel d’un artiste libĂ©rĂ© de la commande et vivant du marchĂ© de l’art. À partir de 1630, Ă©loignĂ© des grandes commandes publiques, il ne produit plus que des tableaux de chevalet et peut choisir ses clients qui sont des acheteurs, non plus des commanditaires. Le prix de ses tableaux est multipliĂ© par dix au cours du siĂšcle. Il ne dĂ©pend pas d’une cour ou d’un protecteur, il n’a pas d’atelier, pas d’élĂšves. Au-delĂ  des Barberini et de leur rĂ©seau, les principaux acheteurs de Poussin sont français. Ils sont d’origine sociale variĂ©e on trouve parmi eux, le marĂ©chal de CrĂ©qui, le duc de Richelieu ou le roi lui-mĂȘme, qui rĂ©unit une trĂšs importante collection de Poussin ; des secrĂ©taires d’État, comme La VrilliĂšre ou LomĂ©nie de Brienne ; des titulaires d’offices importants comme Chantelou ; des financiers comme Neyret de la Ravoye ; mais aussi des personnages beaucoup plus obscurs, des nĂ©gociants comme Pointel ou Serisier. Il s’agit lĂ  d’une carriĂšre trĂšs particuliĂšre, permise par la naissance d’un vrai marchĂ© de l’art. Les arts, miroir de leur temps » ? La sociĂ©tĂ© est un théùtre, le théùtre, un reflet de la sociĂ©tĂ© ? 31On ne saurait trop souligner l’importance de la mĂ©taphore théùtrale et en gĂ©nĂ©rale de la vision dans les arts et la littĂ©rature du xviie siĂšcle. Avec la perspective linĂ©aire comme mode de reprĂ©sentation picturale depuis la Renaissance, Les images s’inscrivent dĂ©sormais Ă  l’intĂ©rieur d’un cube ouvert d’un cĂŽtĂ©. À l’intĂ©rieur de ce cube reprĂ©sentatif, sorte d’univers en rĂ©duction, rĂšgne les lois de la physique et de l’optique de notre monde » P. Francastel ; d’oĂč l’importance de la mĂ©taphore théùtrale All the world’s a stage », l' illusion comique » le théùtre est un monde en rĂ©duction, le monde n’est qu’un théùtre. Comment le théùtre du xviie reflĂšte-t-il alors la sociĂ©tĂ© ? 32Si l’on tourne le dos Ă  la scĂšne, le lieu théùtral donne, dans la disposition du public, une image particuliĂšre des hiĂ©rarchies. La structure du théùtre public est partout Ă  peu prĂšs la mĂȘme. Le corral madrilĂšne se partage entre le parterre avec ses places debout ou assises et les loges rĂ©servĂ©es aux personnages importants ; un lieu spĂ©cial est rĂ©servĂ© aux femmes du commun et aux ecclĂ©siastiques, ce qui est une particularitĂ© espagnole. Dans le théùtre Ă©lisabĂ©thain, on a, du moins coĂ»teux au plus cher, les places debout Ă  ciel ouvert, les places assises dans les galeries couvertes et enfin les loges. EntiĂšrement couvert, le théùtre de Bourgogne montre une rĂ©partition analogue, avec ses places au parterre Ă  5 sous et ses places en loges Ă  10 sous. 33Si, dans le cas des reprĂ©sentations privĂ©es chez de nobles particuliers les visites » en France, les particulares » en Espagne le public est socialement homogĂšne, il n’en va pas de mĂȘme du théùtre public. La composition des salles est assez semblable Ă  Londres et Ă  Paris. Le parterre, debout, est volontiers remuant, mĂȘme s’il ne faut pas s’exagĂ©rer le caractĂšre populaire de ces spectateurs. Alfred Harbage montre qu’il est constituĂ©, au théùtre du Globe, de boutiquiers, d’artisans et de journaliers. La variĂ©tĂ© de ton et de genres caractĂ©ristique du théùtre de Shakespeare, comme de la tragĂ©die espagnole, de la poĂ©sie savante Ă  la farce, est destinĂ©e Ă  rĂ©pondre Ă  cette diversitĂ© du public. On distingue les connaisseurs des ignorants du parterre, les mosqueteros » en Espagne, les groundlings » en Angleterre. On peut remarquer que la mĂȘme idĂ©e est souvent exprimĂ©e deux fois dans les piĂšces de Shakespeare, sous une forme Ă©laborĂ©e d’abord, plus simple ensuite. Dans la comedia, le gracioso » est chargĂ© de rĂ©pĂ©ter en clair ce qui risquait de paraĂźtre obscur. Cependant, au cours du siĂšcle, on remarque une diminution globale de la composante populaire du public. Les tĂ©moignages contemporains sur le chahut du parterre ne sont pas exempts de prĂ©jugĂ©s sociaux. En France, le public ne change pas radicalement, mais les poĂštes, leurs mĂ©cĂšnes et les amateurs prĂȘchent pour une Ă©puration du goĂ»t comme du public. Il ne faut pas oublier que la dĂ©fense des rĂšgles et, pour le dire d’un mot, du classicisme, est parallĂšle Ă  une exclusion des Ă©lĂ©ments populaires. Le classicisme, rappelle J. Truchet, suppose un consensus culturel, l’existence d’un public auquel il soit naturel et lĂ©gitime de vouloir plaire, les honnĂȘtes gens », la Cour » et la Ville ». L’unitĂ© du classicisme se fonde moins sur des prĂ©ceptes que sur un milieu ». L’exclusion du menu peuple se fait naturellement par l’augmentation du prix des places au cours du siĂšcle. En France comme en Angleterre, la base sociale du théùtre se rĂ©trĂ©cit. 34La nĂ©cessitĂ© de parler Ă  un trĂšs large public oĂč domine, de plus en plus, les catĂ©gories privilĂ©giĂ©es, implique de renvoyer Ă  une morale commune. N’oublions pas que plaire est une nĂ©cessitĂ© vitale pour le dramaturge du xviie siĂšcle. Souvent, on remarque un certain conservatisme dans la vision de la sociĂ©tĂ© vĂ©hiculĂ©e par le théùtre. Celui-ci enregistre certains changements, comme l’importance croissante du commerce et de l’argent, les transformations de la noblesse ou l’appĂ©tit des roturiers enrichis. Le gentilhomme dĂ©sargentĂ© contraint Ă  la mĂ©salliance, le roturier cherchant une promotion Ă  la cour, le bourgeois gentilhomme, sont quelques thĂšmes rĂ©currents de la comedia espagnole, dont l’influence est grande en France et en Angleterre ; mais en gĂ©nĂ©ral, quelque soit l’origine sociale de l’auteur, la morale de la piĂšce demeure attachĂ©e aux valeurs de la noblesse terrienne traditionnelle, dĂ©favorable aux fortunes issues du commerce et de la spĂ©culation. Par exemple, dans les piĂšces de Lope de Vega, le noble enrichi par le nĂ©goce est condamnĂ©, les marchands, petits ou grands, et les armateurs de SĂ©ville peu reprĂ©sentĂ©s ou peu mis en valeur. Le théùtre jacobĂ©en, face aux bouleversements sociaux, tĂ©moigne d’un attachement Ă  l’ordre ancien A. Bry. MoliĂšre montre de maniĂšre trĂšs nĂ©gative ces femmes qui sortent de leur condition, ces prĂ©cieuses qui se prĂ©valent d’un rĂŽle intellectuel dans ce qui deviendra les salons. Le monde comme théùtre est d’abord une mĂ©taphore de la vanitĂ© des biens de ce monde. Il s’agit moins de reprĂ©senter que de moraliser. CalderĂłn de la Barca l’exprime parfaitement dans Le Grand Théùtre du Monde 1645. On y voit le Monde remettre Ă  chaque acteur, du Roi au Mendiant, les insignes de son rang. Les personnages entrent sur scĂšne par le Berceau et en sortent par la Tombe. LĂ , ils doivent remettre leurs attributs et rendre compte de la façon dont ils ont tenu leur rĂŽle. Seuls le Mendiant et la Prudence ont Ă©chappĂ© Ă  l’orgueil et aux intrigues de la cour. Seuls, ils ont compris la leçon de la piĂšce, c’est-Ă -dire de la vie. Seuls, ils ne seront pas damnĂ©s. Quand le rideau tombe, ne demeurent en scĂšne que les quatre derniĂšres choses » la Mort, le Jugement, le Ciel et l’Enfer. 35Si le siĂšcle est fascinĂ© par les pouvoirs de l’illusion, la concorde entre l’ĂȘtre et le paraĂźtre est un souci constant. Les marques de luxe doivent correspondre Ă  un statut social rĂ©el. L’ouvrage de Pierre Le Muet, La ManiĂšre de bĂątir pour toutes sortes de personnes 1623, est un des plus importants de ces recueils, en vogue en France, qui proposent des modĂšles d’habitation selon le rang du propriĂ©taire. L’architecture doit reflĂ©ter la hiĂ©rarchie sociale. On peut dire que Fouquet, par exemple, n’a pas respectĂ© cette rĂšgle, Vaux outrepasse son rang. L’étude du portrait permet de mieux comprendre ce rapport ĂȘtre/paraĂźtre. Elle permet aussi de mieux comprendre sous quelles conditions les catĂ©gories sociales les moins privilĂ©giĂ©es ont droit Ă  ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s. Qui a droit Ă  la reprĂ©sentation ? 36Le problĂšme de la dignitĂ© du sujet reprĂ©sentĂ© se pose particuliĂšrement dans le portrait. Ce dernier genre connaĂźt depuis le xvie siĂšcle un grand dĂ©veloppement. Il constitue Ă  la fin du siĂšcle 20 % des images des intĂ©rieurs de Delft, par exemple. Or, Edouard Pommier a relevĂ©, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, un mouvement de remise en cause de ce genre, notamment d’un point de vue social. Alors qu’il cesse d’ĂȘtre rĂ©servĂ© Ă  la reprĂ©sentation des saints et des princes, le portrait suscite la question de la lĂ©gitimitĂ© de la reprĂ©sentation d’un individu. 5 CitĂ© par Pommier Édouard, ThĂ©ories du portrait, Paris, 1998, p. 128. 37Dans une lettre Ă  Leone Leoni, sculpteur et mĂ©dailleur, l’ArĂ©tin le met en garde ainsi Faites donc les portraits de personnages de ce genre [l’érudit Francesco Molza, mort depuis peu], mais ne faites pas les portraits de ceux qui Ă  peine se connaissent eux-mĂȘmes et que personne ne connaĂźt. Le ciseau ne doit pas tracer les traits d’une tĂȘte, avant que la renommĂ©e ne l’ait fait. Il ne faut pas croire que les lois des Anciens aient permis qu’on fasse des mĂ©dailles de personnes qui n’étaient pas dignes. C’est ta honte, ĂŽ siĂšcle, de tolĂ©rer que des tailleurs et des bouchers apparaissent vivants en peinture5. » Cette idĂ©e d’une vulgarisation du portrait se retrouve dans nombre d’écrits du xvie siĂšcle. On ne devrait reprĂ©senter que les exempla virtutis, ou les grands de ce monde, parce que seuls ils ont droit Ă  la mĂ©moire publique. 6 de Piles R., Cours de peinture par principes, Paris, Ă©d. J. Thuillier, 1989, p. 132. 7 Sorel Charles, La Description de l’üle de Portraiture et de la ville des portraits, Paris, 1659, p ... 38De la dignitĂ© du sujet dĂ©pend son traitement, qui oscille entre l’imitare, qui a le sens de donner l’image de quelque chose, avec une certaine libertĂ© et le ritrarre donner une copie littĂ©rale de quelque chose. Pour le thĂ©oricien Roger de Piles, la stricte fidĂ©litĂ© aux traits du modĂšle n’est requise que pour les grands de ce monde Pour les hĂ©ros et pour ceux qui tiennent quelque rang dans le monde, ou qui se font distinguer par leurs dignitĂ©s, par leurs vertus ou par leurs grandes qualitĂ©s, on ne saurait apporter trop d’exactitude dans l’imitation de leur visage, soit que les parties s’y rencontrent belles, ou bien qu’elles y soient dĂ©fectueuses » car ces sortes de portraits sont des marques authentiques qui doivent ĂȘtre consacrĂ©es Ă  la postĂ©ritĂ©, et dans cette vue tout est prĂ©cieux dans les portraits, si tout y est fidĂšle6. » Cette nĂ©cessitĂ© de rendre fidĂšlement le modĂšle vertueux, l’ĂȘtre de haut rang s’explique par les spĂ©culations physiognomoniques, trĂšs en vogue au xviie siĂšcle. En fait, la pratique conduit souvent Ă  l’inverse il faut donner au personnage les traits convenant Ă  sa fonction et Ă  sa dignitĂ©. Il faut que le paraĂźtre corresponde Ă  l’ĂȘtre social, il faut donner Ă  chaque personnage l’attitude, les vĂȘtements, les attributs de sa “qualitĂ©â€, c’est-Ă -dire sa position dans la sociĂ©tĂ© » E. Pommier. DĂ©jĂ  LĂ©onard de Vinci prĂ©conisait que le roi soit barbu, plein de gravitĂ© dans l’air et les vĂȘtements [
]. Les gens de basse condition doivent ĂȘtre mal parĂ©s, en dĂ©sordre et mĂ©prisables [
] avec des gestes vulgaires et tapageurs ». Dans sa Description de l’üle de portraiture 1659 Charles Sorel se moque lui aussi du succĂšs du portrait, de ces modĂšles qui veulent apparaĂźtre dans des vĂȘtements trĂšs magnifiques, et la plupart ne se souci[ant] point s’ils Ă©taient conformes Ă  leur naturel et Ă  leur condition7 ». Analysant le Portrait d’Omer II Talon Washington, National Gallery peint en 1649 par Philippe de Champaigne, Lorenzo Pericolo remarque qu’en tant qu' avocat gĂ©nĂ©ral au parlement de Paris, le modĂšle usurpe » en quelque sorte une posture et un dĂ©cor typique d’un roi ou d’un aristocrate ». 8 Pour reprendre le titre de l’ouvrage de G. Sadoul, Jacques Callot miroir de son temps, Paris, 19 ... 39E. Pommier montre au long de son livre combien il est difficile d’apprĂ©cier le rĂ©alisme » d’un portrait. L’art, comme le langage, est d’abord un systĂšme de signes qui demandent interprĂ©tation. Il faut donc se mĂ©fier de la tentation de voir dans les romans, les gravures ou les peintures un miroir de leur temps8 ». Ils correspondent aux attentes de la clientĂšle. Le cas des portraits de paysans des Le Nain est intĂ©ressant parce que nous voyons des paysans reprĂ©sentĂ©s avec une grande fidĂ©litĂ© apparente des traits, et en mĂȘme temps une grande dignitĂ©. Dans la peinture hollandaise, on trouve souvent des intĂ©rieurs paysans, comme celui peint par Adriaen Van Ostade vers 1635 Munich, Bayerische StaatsgemĂ€ldesammlungen. On y voit des hommes et des femmes boire et fumer. Mais les physionomies sont viles, bouffonnes, tout Ă  fait conformes aux prĂ©ceptes de LĂ©onard. Les acheteurs d’une telle toile ne sont Ă©videmment pas du mĂȘme milieu et peuvent ainsi apprĂ©cier la distance qui les sĂ©pare de ces comportements. Une mise en garde contre les dĂ©bordements des sens n’est pas absente. En effet, dans un milieu modeste, les passions sont censĂ©es s’exprimer plus librement, en tout cas leur reprĂ©sentation ne requiert pas les mĂȘmes contraintes. Adriaen Brouwer, par exemple, illustre les Ă©motions humaines Ă  travers ses portraits populaires. 9 Antoine 1588 ?-1648, Louis 1593 ?-1648 et Mathieu 1607-1677. Ils ont un atelier commun et si ... 10 Champfleury, Essai sur la vie et l’Ɠuvre des Le Nain, Paris, 1850, p. 38. 40A priori rien de tel dans le Repas de paysans 1642, Paris, Louvre ou la Famille de paysans v. 1645-1648, Paris, Louvre des frĂšres Le Nain9. C’est le rĂ©alisme » de la scĂšne qui frappe. Pour Champfleury, qui est Ă  l’origine de la redĂ©couverte de ces peintres, ce sont des historiens » qui apprennent plus sur les mƓurs de leur temps [
] que bien des gros livres10 ». Une critique marxiste s’est emparĂ© de ces peintres populaires », mais il a vite Ă©tĂ© montrĂ© que les trois frĂšres ont fait partie des membres fondateurs de l’AcadĂ©mie et que Mathieu, qui a vĂ©cu plus longtemps, a pu faire une assez belle fortune et a cherchĂ©, aprĂšs l’achat d’une terre prĂšs de Laon, Ă  se faire appeler seigneur de la Jumelle. Fait exceptionnel pour un peintre, il a Ă©tĂ© fait chevalier du Saint-Michel pour ses services dans la milice de Paris, mais il n’a pu faire preuve de sa noblesse. Pourtant, il a Ă©tĂ© vite remarquĂ© que les paysans reprĂ©sentĂ©s Ă©taient bien habillĂ©s, possĂ©daient des verres, etc. Beaucoup d’historiens ont continuĂ© Ă  vouloir y voir des documents transparents, des fenĂȘtres ouvertes sur le monde paysan des environs de Laon au xviie siĂšcle. Ansi, Neil McGregor voit dans les paysans des Le Nain l’illustration d’un dĂ©veloppement historique ». Pour lui, les acheteurs de ces tableaux sont des membres de la bourgeoisie qui achĂštent alors des terres autour de leurs villes natales et les mettent en valeur eux-mĂȘmes ou les confie Ă  un fermier. Ils auraient plaisir Ă  avoir des portraits de leurs paysans, envers lesquels ils seraient animĂ©s d’une bienveillance patriarcale. La dignitĂ© des attitudes et la noblesse des traits des personnages nous Ă©loignent du dĂ©dain et du rire de Van Ostade. Toutefois, il est difficile de croire Ă  un tĂ©moignage naturaliste sur la condition paysanne. Pierre Goubert et JoĂ«l Cornette, aprĂšs d’autres, ont remarquĂ© les Ă©chos eucharistiques du Repas de paysans, qui reprĂ©sente sans doute une visite de charitĂ©, telles qu’elles Ă©taient organisĂ©es vers 1640 par des institutions comme la compagnie du Saint-Sacrement. On peut alors songer Ă  certains bodegones de VĂ©lasquez, mĂȘme s’ils ne procĂšdent pas de la mĂȘme filiation picturale. Ce genre nĂ© Ă  SĂ©ville et Ă  TolĂšde, qui mĂȘle la nature morte et la scĂšne de genre est un des rares genres profanes de la peinture espagnole. On y voit des gens du peuple se livrer Ă  des activitĂ©s trĂšs quotidiennes notamment autour de la prĂ©paration et de la consommation du repas. Pourtant, il n’est pas si profane que cela. La mĂ©ditation religieuse est quelquefois explicite comme dans Le Christ chez Marthe et Marie 1618, Londres, National Gallery, oĂč l’on voit une jeune femme cuisiner, tandis qu’une vieille femme semble lui montrer une image au statut assez compliquĂ© est-ce une scĂšne vue Ă  travers une fenĂȘtre, est-ce un tableau ? reprĂ©sentant la scĂšne Ă©vangĂ©lique qui donne son nom au tableau. L’interprĂ©tation complĂšte est difficile, mais il s’agit sans doute d’une mĂ©ditation sur la vie active et la vie contemplative, Ă  laquelle se joint peut-ĂȘtre la remarque de ThĂ©rĂšse d’Avila, selon laquelle le chemin du Christ passe par les ustensiles de cuisine
 Le portrait d’hommes et de femmes humbles convient particuliĂšrement aux vertus Ă©vangĂ©liques de pauvretĂ© et de simplicitĂ©. 41Cela n’enlĂšve rien au caractĂšre trĂšs convaincant de la reprĂ©sentation, mais le peintre, qui construit savamment ces scĂšnes dans son atelier, ne cherche pas Ă  faire un reportage sur une famille paysanne. Il cherche certainement la vraisemblance, mais ce respect du rĂ©el est empreint d’une religiositĂ© profonde, et conditionnĂ© par la plus ou moins subtile mĂ©ditation qu’il veut offrir Ă  l’amateur. Les stĂ©rĂ©otypes sociaux dans la littĂ©rature espagnole du SiĂšcle d’or 11 FernĂĄndez Alvarez M., La Sociedad española en el Siglo de Oro, Madrid, 1983. 42La littĂ©rature du SiĂšcle d’or espagnol reflĂšte, souvent avec des caractĂšres sombres, toute une sĂ©rie de stĂ©rĂ©otypes sociaux. L’échantillon le plus complet d’un monde oĂč pullulent les dĂ©shĂ©ritĂ©s mendiants et pauvres honteux, soldats en guenilles, Ă©tudiants dissolus, hidalgos de haute lignĂ©e Ă  la maigre fortune, prostituĂ©es
 et dans lequel se distingue la figure du picaro, personnage qui donna lieu Ă  l’un des genres littĂ©raires les plus en vogue dans l’Espagne du xviie siĂšcle11. L’intention satirique des auteurs de ce genre les conduisit Ă  confronter la vie du picaro Ă  celle des puissants maĂźtres qu’ils servaient seigneurs et ecclĂ©siastiques de toutes conditions principalement dont les dĂ©fauts et l’hypocrisie sont mis en relief par ces antihĂ©ros. Le picaro devient ainsi le personnage antagonique du chevalier vertueux et honorable que le roman de chevalerie avait consacrĂ©. Personnage de basse extraction sociale, abandonnĂ© par la fortune, et qui survit dans le monde de la pĂšgre grĂące Ă  son habiletĂ© dans la tromperie et l’escroquerie. Etranger Ă  tout code de conduite honorable, il atteint ses objectifs grĂące Ă  sa ruse mais sans recourir Ă  la violence. Il aspire par-dessus tout Ă  amĂ©liorer sa condition sociale, bien qu’il Ă©choue constamment dans ses tentatives, reflĂ©tant ainsi l’impermĂ©abilitĂ© sociale qui caractĂ©risa l’Espagne du moment. 12 Maravall J. A., La literatura picaresca desde la historia social, Madrid, 1986. 43Bien que la figure du picaro soit dĂ©jĂ  prĂ©sente avec la plupart des traits qui le dĂ©finissent dans le Lazarillo de Tormes 1554, son plus haut niveau littĂ©raire est obtenu par Mateo AlemĂĄn avec son GuzmĂĄn de Alfarache 1599. Au xviie siĂšcle, QuĂ©vĂ©do consacre cette figure satirique dans sa Vida del BuscĂłn llamado don Pablos 1603 ?, et il existe toute une plĂ©iade de romans durant la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle avec une perspective burlesque de mĂȘme nature, dans lesquels on voit dĂ©filer des personnages, masculins et fĂ©minins, qui rĂ©pondent Ă  ces caractĂ©ristiques, comme El GuitĂłn Onofre Gregorio GonzĂĄlez, 1604, La pĂ­cara Justina Francisco LĂłpez de Ubeda, 1605, La Ingeniosa Elena, fille supposĂ©e de La CĂ©lestine Alonso JerĂłnimo de Salas Barbadillo, 1612 et 1614, le Lazarillo del Manzanares Juan CortĂ©s de Tolosa, 1620, Gregorio Guadaña Antonio EnrĂ­quez GĂłmez, 1644 ou Estebanillo GonzĂĄlez Gabriel de Vega, 1646. Quelques autres personnages de romans qui ne cadrent pas complĂštement avec ce genre littĂ©raire partagent Ă©galement nombre de ses caractĂ©ristiques, comme en tĂ©moignent Rinconete y Cortadillo de CervantĂšs 1613, ou El Diablo Cojuelo de LuĂ­s VĂ©lez de Guevara 1641. Si le picaro est un personnage qui s’épanouit principalement en milieu urbain, le chevalier le fait en milieu rural ; c’est ainsi que le reprĂ©sente Alonso JerĂłnimo Salas Barbadillo dans son Caballero perfecto 1620 et dans son antithĂšse El Caballero puntual 161612. 13 Maravall J. A., Teatro y literatura en la Sociedad Barroca, Barcelona, 1990. 44Face au caractĂšre satirique et critique du roman picaresque, le théùtre, d’aprĂšs Maravall, tenta de maintenir en vigueur un systĂšme de pouvoir préétabli et, par consĂ©quent, la stratification et la hiĂ©rarchie des groupes sociaux13. À travers le théùtre de Lope de Vega, CalderĂłn de la Barca, ou de Tirso de Molina, les espagnols assumĂšrent un systĂšme de conventions » qui soutenait un ordre social dans lequel les autoritĂ©s politique et religieuse Roi et Inquisition garantissaient sa validitĂ©. Ainsi, dans une Ă©poque de crise, comme celle que connut l’Espagne au cours du xviie siĂšcle, le théùtre fut l’un des piliers sur lesquels reposa la campagne de renforcement de la sociĂ©tĂ© seigneuriale. Les conflits sociaux seront la thĂ©matique fondamentale des piĂšces de théùtre, le dĂ©sir d’ascension sociale Ă©tant prĂ©sentĂ© de façon rĂ©currente, bien que les personnages vertueux coĂŻncident toujours avec ceux qui acceptent de bonne grĂące leur statut. Le théùtre privilĂ©gia une sĂ©rie de valeurs traditionnelles comme l’honneur, la puretĂ© de sang, la foi, la richesse – spĂ©cialement celle du laboureur – l’amour pur
 en faisant ressortir Ă©galement la diffĂ©renciation bipolaire de la sociĂ©tĂ© entre riches et pauvres, nobles et vilains, seigneurs et serviteurs, oisifs et travailleurs, et parvenant Ă  identifier richesse avec noblesse. L’arbitrisme 14 NDT Le substantif arbitrismo » n’est pas inclus dans le Diccionario de la Real Academia. Seuls ... 15 Vilar J., Literatura y EconomĂ­a. La figura satĂ­rica del arbitrista en el Siglo de Oro, Madrid, 197 ... 45En Espagne, la sociĂ©tĂ© fut Ă©galement l’objet d’une rĂ©flexion par un courant de pensĂ©e que l’on nomme l’arbitrismo » l’arbitrisme14. Est considĂ©rĂ© arbitrista » l’individu qui propose des plans et des projets arbitrios, insensĂ©s ou rĂ©alisables, pour soulager les Finances Publiques ou remĂ©dier Ă  des maux politiques. Le caractĂšre majoritairement pĂ©joratif du terme est issu de son origine littĂ©raire, car c’est dans ce sens que CervantĂšs l’utilise pour la premiĂšre fois dans son Coloquio de los perros 1613. QuĂ©vĂ©do s’exprima Ă©galement avec une fĂ©rocitĂ© particuliĂšre dans son ouvrage La hora de todos o la fortuna con seso 163515. 16 NDT terme employĂ© ici pour dĂ©clin ou dĂ©cadence. 17 GarcĂ­a CĂĄrcel R., Las culturas del Siglo de Oro, Madrid, 1998. 46Dans l’historiographie actuelle, on entend par arbitrismo » ce courant de pensĂ©e politique et Ă©conomique qui, Ă©mergeant au temps de Philippe II, trouve son groupe le plus fourni de reprĂ©sentants dans la Castille des deux premiers tiers du xviie siĂšcle. La majeure partie de ces Ă©rudits se virent encouragĂ©s Ă  adresser leurs arbitrios » solutions aux principales autoritĂ©s, y compris au Roi, par leur profonde conviction de la dĂ©cadence du Royaume, dont la cause, selon eux, rĂ©sidait dans un ou plusieurs problĂšmes sociaux, Ă©conomiques et financiers qui caractĂ©risĂšrent l’Espagne du SiĂšcle d’or. Parmi ceux-ci on distingue l’augmentation des prix fruit de l’abondance d’or et d’argent en provenance d’AmĂ©rique, la diminution corrĂ©lative de la compĂ©titivitĂ© des produits espagnols et l’introduction correspondante de marchandises Ă©trangĂšres qui provoquaient la ruine de l’industrie nationale, la dĂ©cadence du commerce et l’abandon de l’agriculture et de l’élevage. Les arbitristas » dĂ©noncĂšrent Ă©galement l’appauvrissement progressif de l’État, dont la dĂ©pense publique croissante dĂ©coulant de l’entretien d’une armĂ©e plĂ©thorique, dispersĂ©e sur un vaste territoire Ă©tait compensĂ©e par l’augmentation des impĂŽts, gangrĂšne financiĂšre dont le reflet n’est autre que la ruine de la nation et le dĂ©peuplement. Tout cela, d’aprĂšs de nombreux arbitristas », provoquait l’abandon des activitĂ©s de production et d’investissement de la part des Espagnols, tandis que les Ă©trangers devenaient les maĂźtres des ressorts Ă©conomiques du pays. De la mĂȘme façon, ils imputaient Ă  l’excessive circulation monĂ©taire le goĂ»t du luxe et de l’oisivetĂ© dans les classes possĂ©dantes, et la nĂ©gligence qui s’ensuivait pour les activitĂ©s productives. La consĂ©quence de tout cela fut la declinaciĂłn16 » de la Nation, terme qui rĂ©sumait parfaitement leur impression de vivre un moment de crise Ă©conomique et sociale17. 47Bien que les termes arbitrio » et arbitrista » aient Ă©tĂ© employĂ©s dans la littĂ©rature du SiĂšcle d’or dans un sens clairement pĂ©joratif, les avis de ces individus Ă©tant jugĂ©s insensĂ©s, il est certain que parmi ceux qui Ă©mirent leur opinion, il y eut de nombreux personnages lucides, intelligents et des professionnels de toutes sortes d’activitĂ©s, qui surent observer avec acuitĂ© les problĂšmes Ă©conomiques et sociaux de l’Espagne d’alors et prĂ©voir des solutions. Parmi les plus importantes figures de cette Ă©cole de pensĂ©e il y eut le comptable du TrĂ©sor Luis Ortiz, auteur du Memorial al Rey para que no salgan dineros de España 1558 ; l’avocat de la Chancellerie Royale de Valladolid, MartĂ­n GonzĂĄlez de Cellorigo, continuateur de ce que l’on appela l’Ecole de Salamanque » et auteur du Memorial de la polĂ­tica necesaria y Ăștil restauraciĂłn a la repĂșblica de España 1600 ; le mĂ©decin CristĂłbal PĂ©rez de Herrera, rĂ©dacteur d’un mĂ©moire dans lequel Ă©taient abordĂ©es
 de nombreuses choses touchant au bien, Ă  la propriĂ©tĂ©, Ă  la richesse, Ă  la futilitĂ© de ce royaume et au rĂ©tablissement des gens » 1610 ; le professeur en Écritures SacrĂ©es, Sancho de Moncada, dont les Discursos 1619 seraient rééditĂ©s en 1746 sous le titre RestauraciĂłn polĂ­tica de España ; le chanoine et consultant du Saint-Office, Pedro FernĂĄndez de Navarrete, qui Ă©crivit le livre intitulĂ© ConservaciĂłn de MonarquĂ­as 1626 ; Miguel Caxa de Leruela, du Conseil de Castille et Visiteur GĂ©nĂ©ral du Royaume de Naples, dont l’Ɠuvre la plus connue s’intitulait RestauraciĂłn de la abundancia de España 1631 ; ou le procurateur des galĂ©riens Francisco MartĂ­nez de Mata, auteur de cĂ©lĂšbres Memoriales et Discursos 1650-1660. Traductionsen contexte de "marge de la sociĂ©tĂ©" en français-anglais avec Reverso Context : en marge de la sociĂ©tĂ© Traduction Correcteur Synonymes Conjugaison Plus
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Bonjour les petits chats ! Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de ma vision des choses* concernant la sociĂ©tĂ© de consommation. * Bien Ă©videmment, cet article retranscrit mon point de vue; il n'y a aucun jugement. J'essaye juste d'apporter ma vision afin de peut ĂȘtre ouvrir des rĂ©flexions... J'ai Ă©crit cet article il y a un an. Je n'ai jamais rĂ©ussi Ă  le publier, je le fais aujourd'hui en ayant Ă  peine modifiĂ© quelques phrases. J'espĂšre que vous comprendrez mon approche bienveillante... NĂ©s pour consommer ? J'ai toujours Ă©tĂ© plus ou moins en dĂ©calage dans notre sociĂ©tĂ©. Acheter, consommer, toujours ouvrir son porte monnaie. Je ne suis pas radine hein, mais il y a des choses qui sont utiles et d'autres pas. J'ai beaucoup de mal Ă  accepter qu'on me dise ce que j'ai Ă  faire. Alors, quand la tĂ©lĂ©vision ne fait que nous pousser Ă  la consommation, comme les magazines, la radio, les affiches sur les abris bus ou les bĂątiments; ça m'plait pas. D'autant qu'on est influencĂ©s, que dis-je manipulĂ©s par les lobbyistes; dans le seul but de les enrichir, quitte Ă  le payer de notre santĂ©. J'ai toujours Ă©tĂ© observatrice de tout ça, Ă  diffĂ©rents degrĂ©s selon les pĂ©riodes de ma vie. Et mĂȘme lorsque j'ai Ă©tĂ© esclave de tout ça, je culpabilisais d'acheter, de consommer du jetable, de l'inutile ! Cette idĂ©ologie de la consommation me dĂ©range. On pourrait croire que c'est une libertĂ©, je pencherais plus pour le terme d'aliĂ©nation. Que l'on s'entende, certaines choses sont bien sĂ»r Ă©videntes, nĂ©cessaires, indispensables. Mais, et c'est lĂ  tout le problĂšme, on ne sait plus ce qui est indispensable et ce qui tient de la superficialitĂ©, de l'inutile, de la fantaisie. Revenir Ă  des choses simples, saines. J'ai regardĂ© la tĂ©lĂ©vision 10h par jour parfois. J'ai voulu acheter des fringues, des sacs, des chaussures, des cosmĂ©tiques ... juste parce que ça me plaisait et que ça me faisait me sentir bien. Je claquais de l'argent en tout et n'importe quoi. Si je voyais une pub pour un nouveau mascara, la derniĂšre montre Ă  la mode, un diffuseur automatique de dĂ©sodorisant pour intĂ©rieur ou n'importe quoi, ça me donnait envie. Rien de mal Ă  se faire du bien me direz-vous. C'est vrai; tant qu'il s'agit de ne pas consommer de poison cf les perturbateurs endocriniens et la pĂ©trochimie dont sont issus les cosmĂ©tiques par exemple.. mais on y reviendra dans un prochain article, et de ne pas enrichir les monstres de la consommation... En arrivant en PolynĂ©sie, je me suis rendue compte que lorsque l'on veut quelque chose, il faut s'organiser. On ne trouve pas facilement ce que l'on cherche en Ă©lectronique par exemple ou dans le textile, le choix des vĂȘtements est limitĂ©.... Au dĂ©but, j'ai eu du mal. Et puis, je m'y suis faite. Tout ce que je n'achĂšte pas aujourd'hui ne me manque pas. Je n'en ai strictement pas besoin. Je suis revenue Ă  une consommation plus simple, plus minimaliste en somme. C'est aussi pour ça que j'ai refusĂ© la tĂ©lĂ©vision. Et non ! Nous n'avons pas la tĂ©lĂ©vision. On a une tĂ©lĂ©vision mais pas d'accĂšs. On n'a pas accĂšs aux chaines nationales, ni mĂȘme au cĂąble. On regarde des films ou des sĂ©ries. Si j'ai envie de voir une Ă©mission particuliĂšre ou de regarder les infos, je vais sur Internet et je regarde le replay mĂȘme si en vĂ©ritĂ©, je ne regarde presque rien en replay. En ce sens, je contrĂŽle ce que je vois, je sĂ©lectionne les informations qui me parviennent ! On va pas se mentir hein... Parfois j'aime acheter. Des trucs un peu inutiles c'est vrai... Une bague en forme d'ananas; une paire de baskets colorĂ©es pour changer un peu, un jouet pour mes chiens... Je me fais plaisir oui, mais je suis consciente de mon pouvoir liĂ© Ă  mon porte monnaie. Aujourd'hui, et depuis plusieurs mois, je me dirige vers une consommation plus saine, plus simple, naturelle. J'en parlerais dans les prochains articles ; l'alimentation, les cosmĂ©tiques, l'hygiĂšne etc etc... Le gros problĂšme, et c'est prĂ©cisĂ©ment ce qui me dĂ©range dans tout ça, c'est que la sociĂ©tĂ© de consommation ne fait que nous Ă©loigner les uns des autres. PossĂ©der, avoir, montrer ce que l'on a... La sociĂ©tĂ© nous créé de faux besoins. Tout ça ne fait que creuser un fossĂ© entre les gens. Parce qu'on rentre dans le schĂ©ma du paraĂźtre... Ce sont juste des rĂ©flexions avec mon point de vue personnel. Je n'ai plus envie d'acheter pour acheter, de donnes plein de sous Ă  des gens qui n'en ont pas besoin de plus, tellement ils sont riches. Je ne veux plus contribuer Ă  ce mode de vie qui te fait croire qu'on est nuls et qu'on ne sait rien faire tout seul et qu'on a besoin de ce que la sociĂ©tĂ© produit pour vivre correctement. Et vous, c'est quoi votre mode de consommation ? De rĂ©flexion par rapport Ă  tout ça ? =
JeanMarie Massou mĂšne une vie peu ordinaire. Depuis plus de trente ans, il vit dans une forĂȘt du Lot. LĂ , il creuse en solitaire de profondes
AccueilArtsLe photographe Antoine Bruy est parti Ă  la rencontre de ceux qui ont choisi de vivre en marge des villes et de leurs autant une sĂ©rie de portraits que le carnet de bord d’une annĂ©e sur la route. Ce sont bien sĂ»r les paysages, les points de vue Ă©poustouflants, mais Ă©galement ces traces de vie dans une nature luxuriante qu’Antoine Bruy a tentĂ© de documenter avec Scrublands “les brousses” en français. La sĂ©rie du jeune photographe lillois a rapidement attirĂ© l’attention d’une foule de mĂ©dias anglo-saxons dĂ©sirant l’interroger sur son rapport avec cet “objet” singulier, mais Ă©galement connaĂźtre l’histoire derriĂšre cette galerie de de routeC’est le hasard et le voyage qui ont amenĂ© Antoine Bruy Ă  Scrublands. D’abord en stop Ă  travers les campagnes françaises, le photographe rencontre pour la premiĂšre fois l’objet qu’il tentera d’apprĂ©hender quelques annĂ©es plus tard. C’est ensuite en Australie, au cours d’un sĂ©jour dans une ferme, grĂące au rĂ©seau WWOOF pour “World Wide Opportunities on Organic Farms” qu’il prĂ©cise son projet de reportage et planifie le voyage qui en 2010 et 2013, grĂące au rĂ©seau, Antoine Bruy visitera de nombreuses fermes et vivra mĂȘme un an sur la route en Europe, passant de fermes en fermes.“Pour ce qui est du rĂ©seau WWOOF, un site internet rĂ©pertorie toutes les annonces des fermiers qui se proposent d’accueillir des gens. À partir de lĂ , j’ai choisi certains types de fermes j’ai commencĂ© Ă  m’intĂ©resser Ă  des Ă©leveurs qui faisaient du bio, puis aux gens qui avaient une activitĂ© agricole et surtout, qui Ă©levaient sans l’intention de vendre.”Les photos du diplĂŽmĂ© de l’école nationale des arts visuels de Bruxelles sont plus que documentaires. Flirtant avec la sphĂšre de l’intime, elles dĂ©voilent un mode de vie autant que des scĂšnes que l’intĂ©ressĂ© n’aurait pu capturer sans ĂȘtre pleinement en immersion. Et il ne s’en cache pas.“Quand j’arrivais dans une ferme, je ne disais pas que j’étais photographe. C’était important pour moi d’avoir un premier contact et de voir s’il y avait une alchimie avec les personnes que je dĂ©sirais photographier. C’est ce qui m’intĂ©resse dans la photo tisser des liens avec des gens et prendre des images que je n’aurais pas pu prendre autrement.”Certains clichĂ©s en sont un tĂ©moignage poignant.“Je voulais photographier l’autosuffisance, pas l’autarcie !”Face Ă  ces populations, c’est un sujet particulier que l’artiste voulait traiter et tout un tas de fils philosophiques qu’il voulait tirer comment peut-on vivre Ă  l’écart des villes et de leurs fracas ? Quelles sont les raisons et la nature de cet exil ? De quoi est-il fait et comment ces populations parviennent Ă  survivre Ă  l’écart de tout, dans des territoires qui semblent hostiles pour le commun des “citadines” ? Autant de questions qu’Antoine Bruy a Ă©prouvĂ©es au contact des fermiers qu’il a rencontrĂ©s.“Aucune personne n’était complĂštement exilĂ©e, ne serait-ce que parce qu’ils accueillaient des Woofer
 La thĂ©matique que j’aborde dans cette sĂ©rie reste celle de l’autosuffisance, pas de l’autarcie. Pour ce qui est de l’exil en tant que tel, les situations Ă©taient assez disparates certains avaient fait des choix extrĂȘmes – pas de machines, pas de pĂ©trole – mais la plupart possĂ©daient des ordinateurs, des portables. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cet exil Ă©tait fait pour des raisons militantes.”Des fermes isolĂ©es des campagnes europĂ©ennes et leurs galeries de visages, Antoine Bruy est depuis passĂ© Ă  une sĂ©rie tout aussi documentaire, mais peut-ĂȘtre plus ancrĂ©e dans la rĂ©alitĂ© politique de l’époque. Avec Behind the Bushes, le jeune homme dĂ©sire offrir un visage plus “laudatif” aux Roms. Une dĂ©marche assez proche de Scrublands, malgrĂ© les diffĂ©rences manifestes entre les deux objets. Le photographe commente “Il y a un lien Ă©vident entre les deux sĂ©ries, ne serait-ce qu’en termes d’architecture. J’ai essayĂ© de montrer dans les deux cas comment ces gens sont acteurs de leur propre habitat. Je trouvais que c’était une maniĂšre intĂ©ressante de poser la question de leur survie. On appelle ça de l’autoconstruction. Dans le cas des Roms, j’ai trouvĂ© ce biais’ intĂ©ressant pour sortir d’une description misĂ©rabiliste de cette population.”Froids, bruts, les clichĂ©s d’Antoine Bruy interpellent. En raison du sujet qu’ils traitent, bien Ă©videmment, mais aussi pour leur qualitĂ© esthĂ©tique. C’est Ă  l’essence des personnalitĂ©s rencontrĂ©es qu’il s’attaque, Ă  ce qui fait leur intimitĂ© la plus cachĂ©e. Il traque leur personnalitĂ© dans les moindres poses, les habitudes, les expressions du visage, la rencontre des de la teneur politique qu’on peut leur attribuer, ces photographies ne semblent ĂȘtre que le tĂ©moignage des maniĂšres qu’a l’ĂȘtre humain de rĂ©pondre aux dĂ©fis du milieu qu’il habite. Elles sont le journal de la survie de populations particuliĂšres, mais aussi une fenĂȘtre sur une alternative ou une altĂ©ritĂ© qu’on se cache bien trop des clichĂ©s d’Antoine Bruy sont disponibles sur son voir aussi sur Konbini
DĂ©jĂ Ă  l’ùre des pierres, des tribus, en marge de leurs activitĂ©s de chasse et de pĂȘche, commençaient Ă  graver sur des roches des signes, des reprĂ©sentations de leur totem, qui devenaient plus tard les premiers Ă©crits de la langue pictographique. Il s’agissait d’une inscription, et par lĂ , d’une communication et d’une transmission des scĂšnes du travail et Download Free PDFDownload Free PDF2002Pierre-Michel MengerThis PaperA short summary of this paper37 Full PDFs related to this paper
Eneffet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de CodyCross Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ©. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions.

Passer au contenu Histoire de la mode et du vĂȘtement Histoire de la mode et du vĂȘtement de la prĂ©histoire Ă  nos joursLa mode, c’est quoi, ça vient d’oĂč et ça sert Ă  quoi ? Difficile de trouver une dĂ©finition concise et prĂ©cise de cet univers infini, communautaire et Ă  la fois trĂšs personnel. Mais pour aller vraiment vite, on pourrait dire que la mode, c’est la nouveautĂ©, l’originalitĂ©, parfois mĂȘme une provocation contre l’ordre Ă©tabli. En rupture avec les traditions, c’est un prĂ©cieux indicateur de l’évolution de notre MODE À LA PRÉHISTOIRE1. Coquillages percĂ©s du site de Blombos, Afrique du Sud, datant de 75’000 ans. Chenshilwood CC / 2. NĂ©cropole de Varna contenant les plus anciens bijoux en or connus Ă  ce jour, créés entre 4600 et 4200 av. Yelkrokoyade CC Rapidement, le vĂȘtement fonctionnel revĂȘt une autre fonction. On l’amĂ©liore, le teint, le coud. Et puis on le customize. »Nos ancĂȘtres poilus n’étaient pas trĂšs mode ». Il s’agissait lĂ  de considĂ©rations purement fonctionnelles. Plusieurs ethnologues s’accordent Ă  dire que l’homme aurait inventĂ© le vĂȘtement par pudeur, pour cacher sa nuditĂ©. D’autres spĂ©cialistes avancent une hypothĂšse encore plus fonctionnelle. Le vĂȘtement a tout simplement remplacĂ© les poils. Le corps de l’homme, dĂ©pourvu de cette pilositĂ© naturelle, s’exposait aux agressions climatiques. Il s’est donc couvert le corps de peaux d’animaux grossiĂšrement assemblĂ©es qui le protĂ©geaient du froid, de la pluie et des brĂ»lures du soleil. Bref, si les avis divergent sur le fonds, tout le monde est d’accord sur la forme. Aux prĂ©mices de l’humanitĂ©, le vĂȘtement n’était que fonctionnel. Rapidement, le vĂȘtement fonctionnel revĂȘt une autre fonction. On l’amĂ©liore, le teint, le coud. Et puis on le customize, on accroche des bijoux, des broches. On le personnalise un peu. En fonction de sa tribu, de son origine gĂ©ographique, de sa famille, de son Ăąge et de son sexe. Ainsi et mĂȘme sous des latitudes clĂ©mentes, les populations agrĂ©mentaient leur tenue d’une multitude d’accessoires tels que des pagnes vĂ©gĂ©taux, des plumes ou des bijoux sculptĂ©s dans l’os par exemple. Des accessoires inutiles d’un point de vue fonctionnel dont le seul but Ă©tait d’ĂȘtre beau », de sĂ©duire ». Il s’agit lĂ  des prĂ©mices, trĂšs balbutiants, de ce qui deviendra plusieurs milliers d’annĂ©es plus tard, la mode ». LA MODE ARISTOCRATIQUE1. Opulence des costumes et maquillage outrancier, la mode du 16Ăšme siĂšcle selon Élisabeth Ire 1533-1603, reine d’Angleterre / 2. La mĂ©galomanie vestimentaire du solaire Louis XIV 1638-1715 pour qui la suprĂ©matie passait par l’allure
 et les chaussures. Il en possĂ©dait 2500 paires ! La mode est alors un faire-valoir ; si elle n’a pas encore vraiment d’identitĂ©, elle est le miroir de la condition sociale. »En France dĂšs le 14e siĂšcle, la mode est un caprice aristocratique qui fait sensation Ă  la Cour. C’est ce qui permet aux classes aisĂ©es de se distinguer des classes populaires. La mode est alors un faire-valoir ; si elle n’a pas encore vraiment d’identitĂ©, elle est le miroir de la condition sociale. A la cour, on parle de costumes. Obligatoirement clinquants, les matĂ©riaux sont rares et les tissus somptueux. Les robes de courtisanes rivalisent d’élĂ©gance et de voluptĂ©. C’est Ă  cette pĂ©riode aussi que l’on commence Ă  se parfumer il faut dire qu’à l’époque, le parfum remplace allĂšgrement le savon et Ă  se maquiller. Ce ne n’est pas l’apanage des femmes. Les hommes aiment se couvrir le visage d’une poudre qui leur confĂšre un teint blanchĂątre trĂšs tendance » Ă  l’époque le bronzage est la hantise des classes aisĂ©es, qui pourraient alors ĂȘtre assimilĂ©es au bas peuple travaillant dans les champs. Peu avant la RĂ©volution apparaĂźt l’ancĂȘtre de la presse vestimentaire spĂ©cialisĂ©e sous la forme d’almanachs illustrĂ©s prĂ©sentant les tendances parisiennes Ă  ses lectrices provinciales et europĂ©ennes. DĂšs ses premiĂšres publications, cette presse jouera un rĂŽle fondamental dans la libĂ©ralisation des vĂȘtements et plus tard, l’émancipation de la femme. 19E SIÈCLE, LE PREMIER DÉFILÉ DE MODEL’histoire de la mode commence vraiment au 19e siĂšcle. Le crĂ©ateur Charles-FrĂ©dĂ©ric Worth, pionnier de la Haute Couture, fait dĂ©filer, le premier, ses modĂšles sur de vrais mannequins, dans de prestigieux salons oĂč se rassemblent une clientĂšle fĂ©minine aisĂ©e
 sans doute les premiers dĂ©filĂ©s de couture de l’histoire. En 1900, Paris compte une petite vingtaine de maisons de Haute couture. Il y en aura une centaine en 1946 
 et Ă  peine 15 au tournant du 21e siĂšcle. HISTOIRE DE LANVIN FondĂ©e en 1889, elle est la plus ancienne maison de couture parisienne. LA MODE AU 20E SIÈCLE1. La femme Lanvin » en novembre 1915. FondĂ©e en 1889, Lanvin est aujourd’hui la plus ancienne maison de couture parisienne en activitĂ©. / 2. Gabrielle Chanel en 1928. Avant-garde et indĂ©pendance, le style Chanel intronise le style garçonne » emblĂ©matique des AnnĂ©es folles. Si le 20e siĂšcle est le siĂšcle des lumiĂšres, c’est aussi le siĂšcle de la mode qui voit Ă©merger quelques-uns de ses plus grands crĂ©ateurs, Lanvin, Chanel ou Yves Saint-Laurent pour ne citer qu’eux, des couturiers d’exception qui ne travaillent que pour une rare clientĂšle aisĂ©e. HISTOIRE DES CHEVEUX COURTS Les annĂ©es folles ont inventĂ© l’allure garçonne qui provoqua l’ire de la bonne sociĂ©tĂ©. Retour sur un siĂšcle de cheveux courts. LA MODE POPULAIREL’électricitĂ© crĂ©e l’industrialisation, qui crĂ©e la confection – l’ancĂȘtre du prĂȘt-Ă -porter – qui crĂ©e les grands magasins. Pour la premiĂšre fois de son histoire, le vĂȘtement sort des chaumiĂšres oĂč la mĂšre de famille le confectionnait parfois maladroitement. Il envahit les vitrines des grandes villes d’abord et de province trĂšs vite. Le premier phĂ©nomĂšne mode de masse » est en mouvement. Et c’est le visage de toute notre sociĂ©tĂ© qui va changer. En 1930, la mode fait ses premiers pas dans le marchĂ© de la publicitĂ© lorsque Coco Chanel et le producteur de cinĂ©ma Samuel Goldwyn concluent un accord portant sur l’habillage des stars de la sociĂ©tĂ© United Artists ». HISTOIRE DE COCO CHANEL PionniĂšre du sulfureux style garçonne, elle a intronisĂ© la mariniĂšre, le tailleur en tweed et l’indĂ©modable petite robe noire. Qui est elle-elle ? Et comment est-elle devenue un mythe ? 1939-1945 SYSTÈME DPhotos 1. La mode des annĂ©es 1940 gants, chapeau, veste cintrĂ©e et Ă©paulĂ©e, jupe sous les genoux. Quai d’Orsay, aoĂ»t 1942. Bundesarchiv, Bild 183-H27235 / CC-BY-SA / 2. Deux femmes Ă  la Sorbonne, Paris, 1948. Dutch National Archives CC / 3. Une femme enduite de “bas liquides” en 1941. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions martiales mettent en pĂ©ril les maisons de Haute-couture. Les textiles comptent parmi les premiers produits limitĂ©s, destinĂ©s prioritairement Ă  l’industrie de l’armement. Les femmes rivalisent alors d’ingĂ©niositĂ© pour conserver leur Ă©lĂ©gance toute parisienne. Les rideaux se transforment en robe, on court aux puces chiner le moindre morceau de tissu et on se teint les jambes au thĂ© pour imiter les bas en soie. La mode est drastiquement contrĂŽlĂ©e la longueur des jupes remonte sous les genoux, faute de tissu, ce qui marquera l’avĂšnement de la jupe crayon. Comme un signe de rĂ©sistance Ă  l’occupant, le chapeau devient une icĂŽne de la dĂ©cennie. LES ANNÉES 1940 Entre restrictions militaires et systĂšme D, la mode doit faire preuve d’ingĂ©niositĂ© pour continuer Ă  exister sous l’occupation. Jusqu’à la libĂ©ration et au fĂ©minissime New Look de Christian Dior. LA MODE D’APRÈS-GUERREEn Ă©tĂ© 1945, les EuropĂ©ennes ont envie de changement, de couleurs et d’innovation. C’est la pĂ©riode euphorique de l’aprĂšs-guerre, les beaux GI’s ont importĂ© le chewing-gum et le rock’n’roll, la mode vestimentaire va elle aussi fortement s’inspirer de nos cousins amĂ©ricains. La mode devient fashion » et ce terme dĂ©finit Ă  lui seul un passage de relais. Être fashion, c’est ĂȘtre diffĂ©rent, un tantinet subversif. Les classes bourgeoises s’éloignent de cette notion anti-traditionnelle et la mode se scinde entre les collections classiques et les collections fashion » destinĂ©es Ă  une clientĂšle trĂšs jeune, nombreuse et complĂštement Ă©mergente sur le marchĂ©. On sent les premiers vents d’émancipation. 1946 LE BIKINI L’aprĂšs-guerre voit la crĂ©ation du bikini qui mettra presque deux dĂ©cennies Ă  s’imposer sur les plages. So subversif! Finies les pĂ©nuries martiales, c’est l’opulence. AprĂšs des annĂ©es de tenues assemblĂ©es de bric-et-de-broc, la mode sera fĂ©minissime. »Les femmes, qui avaient remplacĂ© les hommes partis au front dans les usines notamment, reviennent au foyer. Finies les pĂ©nuries martiales, c’est l’opulence. AprĂšs des annĂ©es de tenues assemblĂ©es de bric-et-de-broc, elle sera fĂ©minissime. Christian Dior, jeune crĂ©ateur alors inconnu, invente le “New Look” qui redessine une taille aux femmes. La jupe se fait corolle ou crayon, la lingerie
 coquine. Paris, amorphe sous l’occupation, redevient la capitale mondiale de la mode. LES ANNÉES 1950 Taille cintrĂ©e, poitrine affirmĂ©e, lingerie, bas nylon et dĂ©ferlante du prĂȘt Ă  porter les Fifties sont Ă©lĂ©gantes et fĂ©minissimes. 1967 LE JEANS DÉBARQUE EN FRANCE1967 voit dĂ©ferler sur la France le blue jeans », un ancien bleu de travail qui, moulĂ© sur les cuisses de James Dean, se trouve une nouvelle vocation qui fait sensation. Ce tissu rĂ©sistant devient tellement populaire qu’il habillera bientĂŽt les jeunes du monde entier, sans distinction de sexe. LA MODE DES ANNÉES 1960 ET 19701. La crĂ©atrice britannique Mary Quant en 1966, portant une robe de sa crĂ©ation. Elle est considĂ©rĂ©e avec AndrĂ© CourrĂšges comme la conceptrice de la mini-jupe. Photo Jac. de Nijs / Anefo, Nationaal Archief, the Dutch National Archives, Spaarnestad Photo. / 2. Mini-jupe prĂ©sentĂ©e lors du dĂ©filĂ© de Mary Quant en 1969. Photo Jac. de Nijs / Anefo, Nationaal Archief, the Dutch National Archives, Spaarnestad Photo. C’est une vĂ©ritable frustration que la jeunesse lance dans les pavĂ©s hautement symboliques de mai 68. Les manifestations estudiantines aboutiront Ă  l’émancipation de la femme qui est enfin autorisĂ©e Ă  faire usage de la contraception et de l’interruption volontaire de grossesse. TĂ©moin de ces bouleversements de mentalitĂ©s, la jupe qui ose remonter au-dessus du genou naĂźt dans les annĂ©es 1960, causant l’effroi chez les gardiens des traditions Chanel dira qu’un genou, c’est moche et qu’il faut le cacher
. LES ANNÉES 1960 La femme s’émancipe et son corps adopte une nouvelle silhouette. C’est la dĂ©cennie de l’iconique mini-jupe, de Pierre Cardin, de CourrĂšges ou d’Yves Saint Laurent LES ANNÉES 1970 Robes bohĂšmes, pattes d’éph, blouses fluides, imprimĂ©s psychĂ©dĂ©liques cette dĂ©cennie va marquer l’histoire de la mode ANNÉES 1980 EMPOWERMENT FLUO ET SUPERMODELSFinie le fluiditĂ© peace and love des seventies, les annĂ©es 1980 claquent, secouent, innovent. Frime and fric, culte du corps, bronzage et make-up outranciers la mode est au too much. Sous la houlette des Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler, Jean-Charles de Castelbajac, Rei Kawakubo et autres Kenzo, elle s’habille d’épaulettes XL et de couleurs fluos qui piquent la rĂ©tine. La femme devient une “working girl” qui fait du sport dans son legging en lycra. 1. L’Allemande Claudia Schiffer, ici aux CĂ©sars en 1993, incarne l’ùre des Super Models, avec sa blondeur et sa moue Baby Doll qui rappellent Brigitte Bardot. Elle est la premiĂšre mannequin Ă  avoir son effigie au MusĂ©e GrĂ©vin de Paris. Georges Biard, CC / 2. Naomi Campbell, premiĂšre mannequin noire Ă  faire la couverture de Vogue Paris en 1988. Sa carriĂšre se poursuit aujourd’hui, comme ici au dĂ©filĂ© Diane von FĂŒrstenberg en 2014. Photo Christopher Macsurak. Les annĂ©es 80 voient Ă©merger une mode rebelle. Plus qu’esthĂ©tiques, ces nouveaux mouvements sont souvent politiques ou idĂ©ologiques. »Les annĂ©es 80 voient Ă©merger le nouveau visage de la mode ; les tops models. Des femmes et quelques hommes aux mensurations parfaites dont les sourires figĂ©s commencent Ă  couvrir les chambres des jeunes adolescentes. Jusque lĂ  confinĂ©s aux podiums Ă©litistes de la Haute couture, les mannequins se popularisent Ă  la Une d’une presse spĂ©cialisĂ©e adolescente et fĂ©minine ; ils deviennent de vĂ©ritables stars avec en tĂȘte de file Cindy Crawford et Claudia Schiffer, les tops models les plus cĂ©lĂšbres et les mieux rĂ©munĂ©rĂ©s de l’histoire qui continuent aujourd’hui encore Ă  conclure d’importants contrats publicitaires. AprĂšs les acteurs de cinĂ©ma et les chanteurs, une nouvelle gĂ©nĂ©ration se met Ă  idolĂątrer des physiques », de jeunes hommes et femmes dont la seule compĂ©tence semble ĂȘtre la perfection de leur corps n’appelle-t-on d’ailleurs pas Elle McPherson The Body le corps » ? ParallĂšlement et non sans rapport, l’obĂ©sitĂ© et l’anorexie font leur apparition. Premiers malaises ; ces mannequins, modĂšles de consommation affichĂ©s dans tous les magazines, ne reflĂštent pas la sociĂ©tĂ© qui essaie pourtant Ă  tous prix de leur ressembler
 Ci-dessus les punks, ou “vauriens”, “voyous”, littĂ©ralement, mouvement emblĂ©matique de la mode contestataire des eighties. Ici lors d’une manifestation en Allemagne, 1984. Si Ă  l’époque des YĂ©yĂ©s tout le monde il est beau, les annĂ©es 80 voient Ă©merger une mode rebelle. Plus qu’esthĂ©tiques, ces nouveaux mouvements sont souvent politiques ou idĂ©ologiques ; la mode sert ici Ă  identifier les membres de chaque tribu » Punks, New Wave, Gothiques 
 En marge des collections initiĂ©es par les grandes enseignes, ces nouveaux mouvements obĂ©issent Ă  une mode marginale mais communautaire, souvent dictĂ©e par un leader idĂ©ologique. On pense notamment au chanteur des Cure, Robert Smith qui ose un look dark, des chemises amples et un maquillage voyant. Smith est aussitĂŽt suivi par un important mouvement d’amateurs, tous de noir vĂȘtus, au teint blanc et aux lĂšvres grossiĂšrement teintes de rouge vif. C’est ce qui donnera naissance au mouvement New wave ». LES ANNÉES 1980 Lycra fluo, Ă©paulettes XXL, imprimĂ©s dĂ©bridĂ©s, sportswear, chic, fric et frime les eighties bousculent les codes et inventent une esthĂ©tique novatrice. ANNÉES 1990 CROP TOP, MOM JEANS ET CHOUCHOUS1. Les Spice Girls en 1997, CC Melanie Laccohee / 2. Britney Spears en 2003 Les annĂ©es 1990 s’ouvrent sur la Guerre du Golfe 1990-1991 et une rĂ©cession qui calment aussitĂŽt la folie dĂ©lurĂ©e des eighties. Sous l’impulsion des “Six d’Anvers” Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck Dirk Bikkembergs
 et de designers japonais implantĂ©s dans la capitale française Izumi Ogino, Yoshiki Hishinuma, Junya Watanabe
, la mode aspire Ă  plus de sobriĂ©tĂ© et de minimalisme, c’est le courant “antifashion” auquel rĂ©pond l’exubĂ©rance d’un Alexander McQueen, John Galliano ou Thierry Mugler et leur style “cyber” dĂ©lurĂ© inspirĂ© des films de SF Total Recall, Mars Attacks, Independance Day, Le CinquiĂšme ÉlĂ©ment, Matrix, 
. Car malgrĂ© l’ambiance morose, la mode n’a pas dit son dernier mot flashy et, en-dehors des catwalks, la jeunesse s’amuse en chaussures Ă  plateformes, jeans mom taille haute, crop tops colorĂ©s, les cheveux pleins de chouchous aux couleurs criardes. Leurs idoles ? Brenda et Kelly de Beverly Hills, Rachel et Monica de Friends, les Spice Girls, Britney Spears. Mais aussi des Ă©gĂ©ries plus dark de la mouvance “Kinderwhore”, comme la sulfureuse Courtney Love. Mode girly, un poil fĂ©ministe “Girl Power !”, grunge et minimalisme cohabitent ainsi dans un joyeux patchwork d’influences. Une tendance qui n’en finit pas de revenir, portĂ©e par les labels les plus pointus de la fashionsphĂšre, Off-White, Balenciaga, Vetements notamment, qui n’en finissent plus de rĂ©interprĂ©ter les tendres nineties et leurs coupes radicales. LES ANNÉES 1990 Chouchous dans les cheveux, crop top, plateformes aux pieds et mom jeans taille haute, les nineties inspirent plus que jamais les crĂ©ateurs du moment. 21E SIÈCLE, L’ÉMERGENCE DES MARQUESLe phĂ©nomĂšne des marques » apparaĂźt dans les cours de rĂ©crĂ©ation au tournant de l’an 2000. Pour la premiĂšre fois, le nom du fabricant du vĂȘtement compte plus que son aspect. C’est une vĂ©ritable aubaine pour les marques qui en usent et en abusent. C’est bien sĂ»r la publicitĂ© qui crĂ©e ce phĂ©nomĂšne. Le message est assez simple Regarde, ton idole aime cet habit. Tu veux lui ressembler ? Alors porte-le ». Évidemment, c’est un peu basique mais bien mis en scĂšne et rĂ©citĂ© par un cĂ©lĂšbre footballeur, ça marche. C’est le sport qui le premier Ă©rige un culte Ă  ses marques phares omniprĂ©sentes sur les stades de foot. L’idĂ©e est de dĂ©velopper des chaussures de sport Ă  usage citadin, la basket urbaine » qui fait sensation. Adidas, Nike, Puma, tout le monde s’y met et pour vendre, les grandes marques n’hĂ©sitent pas Ă  casser leur tirelire pour s’offrir les plus grandes personnalitĂ©s sportives du moment. Aujourd’hui, le marketing des cĂ©lĂ©britĂ©s ne se limite plus au monde du sport et les marques dĂ©veloppent des contrats avec des chanteurs, des comĂ©diens, des mannequins, des “it girls”, des journalistes et prĂ©sentateurs de tĂ©lĂ©vision, notamment. L’HISTOIRE CONTINUE
 SUR INTERNETInternet entre dans le jeu et bouleverse les codes. Les dĂ©filĂ©s sont retransmis en direct sur les rĂ©seaux sociaux, les images sont partagĂ©es, commentĂ©es, adorĂ©es, dĂ©testĂ©es. Les marques investissent Instagram, Twitter, Pinterest, Snapchat et Ă©changent directement avec leur clientĂšle. Celle-lĂ  mĂȘme, impatiente, qui veut tout, tout de suite, sans attendre de longs mois pour que les piĂšces des dĂ©filĂ©s soient proposĂ©es en boutique. Alors, la mode se rĂ©invente, encore. Certains crĂ©ateurs ont dĂ©jĂ  avancĂ© la commercialisation de leurs collections pour rĂ©pondre aux dĂ©sirs immĂ©diats de l’homo numericus, le see now, buy now ». Une rĂ©volution en marche
 qui n’en est qu’à ses balbutiements. PLUS DE MODE RĂ©daction2019-11-10T163547+0100 Partager cet article Articles similaires Page load link Aller en haut

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Artiste novatrice, icĂŽne de l’émancipation des femmes, Rosa Bonheur plaça le monde animal au cƓur de son art. Elle s'engagea pour la reconnaissance des animaux et chercha Ă  exprimer leur Ăąme ». NĂ©e dans la prĂ©caritĂ©, farouchement indĂ©pendante, elle connut la richesse et la cĂ©lĂ©britĂ© grĂące Ă  son talent et son travail hors normes. AbonnĂ©s Biographie Raoul Dufy, le bonheur en couleurs Fauviste Ă  ses dĂ©buts aprĂšs avoir flirtĂ© avec l’impressionnisme, Raoul Dufy parcourt les terres du maĂźtre CĂ©zanne dont il traduira les leçons sur l’espace et les volumes par des courbes et des arabesques. Artiste d’avant-garde d’une activitĂ© dĂ©bordante, grand voyageur, Dufy n’aura de cesse d’explorer les infinies possibilitĂ©s de son art. Retour sur l’histoire d’une vie consacrĂ©e Ă  la lumiĂšre, la couleur, le ciel, l’eau, les fleurs et les arbres. AbonnĂ©s Biographie GaudĂ­, architecte par nature DerriĂšre les extravagants bĂątiments de GaudĂ­ se cache une conception rationnelle, exploitant les surfaces gĂ©omĂ©triques pour distribuer autrement les forces et augmenter l’espace. Mais l’imagination de l’architecte est Ă©galement Ă  l’Ɠuvre, nourrie de sources orientales, des montagnes de Montserrat et de la contemplation de la nature. AbonnĂ©s Dans la lumiĂšre de Sorolla l’art en bord de mer Aux Bassins des LumiĂšres de Bordeaux, un programme court est consacrĂ© Ă  JoaquĂ­n Sorolla, l’un des grands noms de la peinture espagnole du XXe siĂšcle. Son Ɠuvre sublime le pittoresque des jardins, des familles, des paysages et des plages espagnoles, Ă  travers le bleu d'une lumiĂšre douce, qui caresse les ombrelles des femmes et la houle des vagues. AbonnĂ©s Du Quattrocento Ă  Jean Cocteau, l’aventure artistique de Christian BĂ©rard Coqueluche du Paris artistique et mondain des annĂ©es 1930-1940, Christian BĂ©rard fut un crĂ©ateur inspirĂ©. Peinture, mode, dĂ©cor de théùtre, son Ɠuvre multiple s’expose au Palais LumiĂšre d’Évian. AbonnĂ©s Gallen-Kallela et la Finlande un art aux sources de la culture nordique De langue maternelle suĂ©doise, Gallen-Kallela dĂ©couvre pourtant trĂšs jeune la langue et les rĂ©cits finnois. Il se met Ă  rechercher les traces d’une ancienne culture nordique et explore les territoires les plus reculĂ©s de son pays. Tant de connaissances qui façonneront son art. Le musĂ©e Jacquemart-AndrĂ© Ă  Paris lui fait honneur dans l'exposition Gallen-Kallela. Mythes et nature », visible du 11 mars au 25 juillet 2022. AbonnĂ©s Kandinsky et l’odyssĂ©e de l’abstraction Jusqu'au 2 janvier 2023, l'Atelier des LumiĂšres Ă  Paris dĂ©voile l'odyssĂ©e de Kandinsky et son univers peuplĂ© de crĂ©atures graphiques. Retour sur son odyssĂ©e de l'abstraction, de l'hĂ©ritage russe au cosmos, en passant par le Bauhaus. AbonnĂ©s Qui Ă©tait Meret Oppenheim, ambassadrice du bizarre ? De Berne Ă  New York, une sĂ©rie de rĂ©trospectives de Meret Oppenheim 1913-1985 met enfin en valeur la cohĂ©rence d’une Ɠuvre apparemment disparate, sous influence surrĂ©aliste tout en Ă©tant trĂšs singuliĂšre, bizarre, imprĂ©visible, dĂ©rangeante. AbonnĂ©s Rembrandt, un artiste entre ombre et lumiĂšre Rembrandt van Rjin est sans doute le peintre hollandais le plus connu. À l'occasion du 352e anniversaire de sa mort, retour sur la carriĂšre d’un gĂ©nie aux mille facettes qui fit du clair-obscur sa spĂ©cialitĂ©. AbonnĂ©s Georgia O’Keeffe, une artiste Ă  la nature sauvage histoire d’un mythe amĂ©ricain IcĂŽne de la peinture amĂ©ricaine, Georgia O'Keeffe bĂ©nĂ©ficie d'une premiĂšre rĂ©trospective en France, au Centre Pompidou. Rappel des grandes Ă©tapes de sa vie, qui l'ont conduite des gros plans de fleurs Ă  connotation sexuelle aux paysages du Nouveau-Mexique. Qui Ă©tait Frida Kahlo, artiste rebelle et lĂ©gende mexicaine ? PrisonniĂšre d’un corset pendant presque toute son existence, Frida Kahlo, femme libre et moderne, a créé une oeuvre autobiographique d’une puissance et d’une originalitĂ© exceptionnelles. Elle a 18 ans quand elle rencontre Diego Rivera, un colosse de vingt ans son aĂźnĂ©, cĂ©lĂšbre pour ses fresques murales racontant l’humanitĂ© en marche. Deux vies indissociablement liĂ©es par l’amour, l’art, l’engagement, l’attachement Ă  la terre mexicaine. RĂ©cit. RĂ©cit d’une vie JosĂ©phin PĂ©ladan, l’occultisme en cuissardes et dentelles Excentrique catholique et lĂ©gitimiste, occultiste, Ă©crivain capable du meilleur et surtout du pire, PĂ©ladan fonda en 1892 le Salon de la Rose+Croix. Retour sur ce personnage extravagant qui eut un rĂŽle majeur dans le mouvement symboliste de la fin du XIXe siĂšcle. JĂ©rĂŽme Bosch, faiseur de diables et peintre du destin des hommes CrĂ©ateur de monstres et de visions infernales, JĂ©rĂŽme Bosch vers 1450-1516 n’a pourtant pas le profil d’un hĂ©rĂ©tique ou d’un artiste en marge. FormĂ© dans l’atelier familial de Bois-le-Duc, il intĂšgre l’influente confrĂ©rie de Notre-Dame, vouĂ©e au culte de la Vierge. Peintre de culture humaniste, en phase avec l’élite urbaine de son temps, il travaille pour une clientĂšle aristocratique, voire princiĂšre. RĂ©cit d’une vie LĂ©onard de Vinci, un gĂ©nie universel LĂ©onard de Vinci, l’auteur du tableau le plus cĂ©lĂšbre du monde apparaĂźt comme un vĂ©ritable mythe, un homme au savoir encyclopĂ©dique et Ă  l’invention illimitĂ©e, ayant excellĂ© dans toutes les disciplines. Il Ă©tait pourtant un homme de son temps. Retour sur la carriĂšre d’une personnalitĂ© tout Ă  la fois exceptionnelle et appartenant pleinement Ă  son Ă©poque. AbonnĂ©s Aux sources de la peinture de VelĂĄzquez Les peintures de la rĂ©alitĂ© quotidienne exĂ©cutĂ©es par VelĂĄzquez, aux ambiances sombres peuplĂ©es de figures humbles, longtemps considĂ©rĂ©es comme hĂ©ritiĂšres du caravagisme, le sont tout autant de la tradition vĂ©nĂ©to-flamande et de l’art naturaliste des bodegones. Tamara de Lempicka, une pionnière du star system GrĂące Ă  un talent innĂ© pour la communication et la mĂ©diatisation, Tamara de Lempicka 1898-1980 a savamment construit son personnage de femme peintre. Furieusement Ă  la mode dans l’entre-deux-guerres, elle intĂ©gra les codes de la sociĂ©tĂ© du spectacle naissante, crĂ©ant des Ɠuvres aussi efficaces que des affiches publicitaires ou des photos hollywoodiennes. RĂ©cit d’une vie Frank Lloyd Wright, l’archi-rĂ©volutionnaire GĂ©nial concepteur de la Maison sur la cascade, Frank Lloyd Wright est l’un des architectes les plus marquants du XXe siĂšcle. Retour sur l'Ɠuvre et la vie tumultueuse du dĂ©fenseur de l'architecture organique, Ă  qui l'on doit le fantastique Guggenheim Museum de New York. Foujita, les Ɠuvres d’une vie 1 [podcast] DĂ©couvrez la vie et l'oeuvre du dessinateur et peintre japonais Tsuguharu Foujita 1886-1968, nĂ© japonais et shintoĂŻste, mort français et catholique. Pouvoir, gloire et passion Artemisia Gentileschi, le roman d’une vie D’Artemisia Gentileschi, on connaĂźt le viol et le scandale du procĂšs. On sait moins que toute sa vie fut un roman dominĂ© par la passion et par une quĂȘte Ă©perdue de gloire et de libertĂ©. Kiki, reine des Montparnos NĂ©e dans une famille bourguignonne modeste, Alice Prin, rebaptisĂ©e Kiki », devint Ă  20 ans la muse de Man Ray, le modĂšle de Foujita, de Kisling et de bien d'autres artistes de Montparnasse. Portrait d'une lĂ©gende des AnnĂ©es Folles. Manet, l’inventeur du moderne en 6 dates clefs Pourquoi Le DĂ©jeuner sur l'herbe et l'Olympia ont-ils provoquĂ© des scandales ? Quels artistes a-t-il frĂ©quentĂ© ? Retour en 6 dates sur la vie d'Édouard Manet, ce bourgeois cultivĂ© et Parisien Ă©lĂ©gant qui n'aimait rien tant que le succĂšs. Berthe Morisot une vie pour la peinture DĂ©couvrez la vie de Berthe Morisot, une femme issue de la grande bourgeoisie au destin exceptionnel qui a voulu vivre de son art et pour son art. Portrait d’une personnalitĂ© indĂ©pendante et non conformiste, dĂ©crite par son entourage comme farouche et solitaire, mais obstinĂ©e et fidĂšle Ă  son engagement dans la peinture. Egon Schiele fragments d’une vie Retour sur la fulgurante existence d’Egon Schiele, mort le 31 octobre 1918 Ă  l'Ăąge de 28 ans. AprĂšs avoir claquĂ© la porte de l’AcadĂ©mie, le jeune homme exhibe crĂ»ment les souffrances profondes de l’ĂȘtre dans ses nus, portraits et autoportraits. Soutenu par Gustav Klimt et plusieurs mĂ©cĂšnes, il est loin d’ĂȘtre l’artiste maudit que la postĂ©ritĂ© s’est longtemps plu Ă  prĂ©senter. RĂ©cit d’une vie Henri de Toulouse-Lautrec Henri de Toulouse-Lautrec, descendant des comtes de Toulouse fera de Paris, ses cabarets et ses maisons closes, son univers de prĂ©dilection. DĂ©couvrez la carriĂšre prolifique et fulgurante de cet artiste inclassable. IdĂ©e lecture Sonia Delaunay, La Vie magnifique Cet Ă©tĂ©, dĂ©couvrez la vie de Sonia avant, pendant et aprĂšs Delaunay racontĂ©e par Sophie Chauveau, aux Éditions Tallandier. IdĂ©e lecture Je suis le carnet de Dora Maar Dans notre sĂ©lection fĂ©minine, laissez-vous tenter par la biographie - dictionnaire de Dora Maar, Ă©crite par Brigitte Benkemoun, aux Ă©ditions Stock. Le roman vrai de Louise Bourgeois Sur la plage ou Ă  l'ombre sur une terrasse, lisez la biographie de Louise Bourgeois Ă©crite par Marie-Laure Bernadac. IdĂ©e lecture Delacroix ou la culture de l’audace FamiliĂšre du peintre EugĂšne Delacroix 1798-1863, Dominique de Font-RĂ©aulx nous offre un vĂ©ritable monument Ă©levĂ© Ă  la gloire de cet ancien Ă©lĂšve de GuĂ©rin, haussĂ©, hors de tout statut officiel malgrĂ© les commandes publiques reçues, en chef de file de la peinture romantique française. Les machines Ă  message de Fabien Chalon Retraçant vingt-cinq ans de carriĂšre, les sculptures en nĂ©on ou installations sonores en mouvement de Fabien Chalon, parfois dotĂ©es de vidĂ©os, investissent une nouvelle fois l’espace d’Olivier Waltman. Disparition de John Richardson, biographe de Picasso L'ami et biographe de Picasso, John Richardson est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  New York, le 12 mars Ă  l'Ăąge de 95 ans. IdĂ©e Lecture La double vie de Paul Signac Inconditionnels de Paul Signac, ne lisez pas ce livre. Ou plutĂŽt si, lisez-le, pour savoir qui Ă©tait Ă  la ville ce peintre dont vous admirez la touche pointilliste et les Ă©blouissantes vues maritimes peintes dans le sud de la France, Ă  Antibes ou Saint-Tropez. IdĂ©e Lecture Frida Kahlo intime La vie de Frida Khalo 1907-1954, peintre et compagne de Diego Rivera, pouvait-elle encore receler des aspects mĂ©connus ? IdĂ©e Lecture Jean Fournier ou la vie de galeriste D'emblĂ©e, on se plonge avec dĂ©lices dans ces photographies d’archives
 Le premier ouvrage de cette collection lancĂ©e Ă  l’initiative du ComitĂ© professionnel des galeries d’art, permet de dĂ©couvrir comment travaillait Jean Fournier, des annĂ©es 1950 Ă  2000. RĂ©cit d’une vie Louis-Philippe, le Roi des Français passionnĂ© d’Histoire VilipendĂ© par les lĂ©gitimistes comme par les rĂ©publicains, Louis-Philippe, roi entre deux chaises, est injustement nĂ©gligĂ©. Deux expositions Ă  Versailles et Fontainebleau rĂ©vĂšlent son rĂŽle majeur dans la rĂ©habilitation des palais royaux. RĂ©cit d’une vie Sigmund Freud, mĂ©decin psychanalyste Au musĂ©e d'Art et d'histoire du JudaĂŻsme, Ă  Paris, l’historien de l’art Jean Clair met en lumiĂšre la vie de Sigmund Freud Ă  travers deux cents ouvrages, photographies, objets scientifiques, peintures, dessins et gravures, dans la premiĂšre exposition en France sur l’inventeur de la psychanalyse. Misia, encore ! AprĂšs une exposition au musĂ©e d'Orsay et l'hommage rendu Ă  son mari JosĂ© Maria Sert au Petit Palais, la belle Misia Sert 1872-1952, muse du Tout-Paris littĂ©raire et artistique de 1900 Ă  la Seconde Guerre mondiale, est Ă  nouveau sous les feux de la rampe. Quand la vie l’emporte sur l’Ɠuvre CĂ©lĂšbres, maudits, scandaleux les artistes, ou tout du moins leurs biographies, ont parfois Ă©clipsĂ© leurs Ɠuvres. Romanciers, cinĂ©astes et mĂȘme certains historiens se sont repus de leurs destinĂ©es. Des expositions au musĂ©e Marmottan-Monet ou Ă  la PinacothĂšque de Paris remettent Ă  l'honneur le plus important l'Ɠuvre de ces artistes. 1»1
DeVictoria Beckham et sa robe XXL à celle que Kate Middleton portait lors de ses fiançailles, toutes ses tenues ont marqué la mode, mais aussi leur époque. Marge Simpson se révÚle en
Depuis toujours l'artiste dispose d'un statut particulier. Pas de privilĂšge mais une existence sociale lui confĂ©rant une place Ă  part...L'Art est le fruit d'une inspiration et d'un savoir-faire, produit d'une source impalpable, immatĂ©rielle et qui se veut indĂ©pendante. Cette individualitĂ© tire son existence d'une prĂ©disposition crĂ©atrice naturelle Ă©chappant Ă  tout contrĂŽle institutionnel. L'artiste est un individu qui, par dĂ©finition, peut se passer de la sociĂ©tĂ© pour maĂźtriser son sujet. Il impose aux yeux du public sa force crĂ©atrice et l'image qu'il veut transmettre et mĂȘme si son oeuvre trouve son inspiration dans l'environnement dans lequel elle est pensĂ©e et conçue, elle n'en demeure pas moins le fruit d'un concept individuel, voire Ă©goĂŻste lorsqu'elle provoque. Cette volontĂ© farouche qu'ont les artistes Ă  ne vouloir exister que par eux-mĂȘmes est en opposition avec ce que la sociĂ©tĂ© tente d'imposer aux dĂ©pendance au systĂšme facilite la gestion des imposant un rythme et un cap Ă  tous les individus, les pouvoirs politiques prennent en main les destinĂ©es, s'arrogeant ainsi les prĂ©rogatives qui servent surtout leurs intĂ©rĂȘts. Le peuple n'est prĂ©tendument important qu'en pĂ©riode Ă©lectorale. Les promesses ne sont jamais de l'aspect matĂ©riel qui, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, n'est pas sa prioritĂ©, l'artiste se trouve totalement dĂ©tachĂ© physiquement et parfois mĂȘme psychologiquement de la force crĂ©atrice devient un moteur, Ă©chappant Ă  tous contrĂŽles institutionnels et la popularitĂ© en est l'apothĂ©ose. Ce besoin vital de libertĂ© est profondĂ©ment inscrit dans les gĂšnes de l'artiste pour ce dernier, seule l'oeuvre a de l'importance. Nous connaissons les destins particuliers et souvent violents de nombreux crĂ©ateurs passĂ©s Ă  la postĂ©ritĂ©. A cet Ă©gard,jamais la sociĂ©tĂ© ne les a Ă©pargnĂ©s de leur vivant, les portant aux nues quelques annĂ©es aprĂšs leur mort. Ces destins souvent cruels mettent en exergue l'ambiguĂŻtĂ© de l'existence intermittents du spectacle sont probablement le reflet de notre Ă©poque et de ce qui se fait de pire en matiĂšre de dĂ©pendance castratrice. Victimes du nombre... manque d'autonomie existentielle... recherche d'une sĂ©curitĂ© matĂ©rielle en contradiction avec la vĂ©ritable Ăąme artistique... Non, certainement pas. De tous temps, l'art a fait des victimes. La sociĂ©tĂ© est impitoyable envers ceux qui ne rentrent pas dans le rang. L'artiste a l'obligation de rĂ©ussir par lui-mĂȘme si il veut survivre en prĂ©servant la puretĂ© de sa force magnifique "mission" que de provoquer l'Ă©motion. La sociĂ©tĂ© ne peut se passer des artistes ; ces gens bizarres qui font pousser des fleurs sur le bĂ©ton et habillent de couleurs vives la tristesse de notre quotidien. © TOUS DROITS RÉSERVÉS

Photosde la vie des Tsiganes hongrois ] [en allemand et hongrois] pas cher En utilisant Rakuten, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant de vous proposer des contenus personnalisés et de réaliser des statistiques.

RecensĂ© Gwen Allen, Artists’ Magazines, an alternative space for art, MIT Press, 2011 Qu’est-ce qui fait la spĂ©cificitĂ© des magazines ? Selon Gwen Allen, c’est leur nature Ă©phĂ©mĂšre publier un magazine, c’est entrer dans une relation Ă©troite avec le moment prĂ©sent. A l’inverse des livres, qui doivent ĂȘtre lus par les gĂ©nĂ©rations futures, les magazines sont essentiellement Ă©phĂ©mĂšres [1] » Contrairement aux magazines traditionnels qui contiennent principalement des rubriques critiques et des pages de publicitĂ© pour les galeries d’art, les magazines d’artistes sont beaucoup plus crĂ©atifs et permettent une participation directe des artistes. Depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle ces publications ont toujours Ă©tĂ© trĂšs liĂ©es Ă  l’avant-garde artistique c’est ici que les idĂ©es artistiques furent non seulement conservĂ©es et Ă©changĂ©es, mais Ă©galement créées ; ici que les mouvements d’avant-garde naquirent et prirent de l’importance [2] » Les artistes utilisent ainsi de plus en plus ce format Ă©phĂ©mĂšre afin d’explorer et de communiquer leurs idĂ©es innovantes sur l’art [3] ; cette proximitĂ© est encore renforcĂ©e au XXe siĂšcle quand de nouvelles techniques d’impression permettent aux artistes d’imprimer plus facilement leurs magazines. Mais ce qui rend ces magazines diffĂ©rents dans les annĂ©es 1970 et 1980 – et c’est lĂ  la thĂšse principale du livre de Gwen Allen – c’est le fait que les artistes les utilisent Ă  des fins artistiques jusque lĂ  inĂ©dites. À la fin des annĂ©es 1960, en effet, les artistes commencent Ă  Ă©laborer des Ɠuvres d’art conceptuelles qui peuvent ĂȘtre imprimĂ©es sur les pages mĂȘmes des magazines. Sous le nom de projets d’artistes [4] », ces Ɠuvres imprimĂ©es transforment la nature des magazines qui les publient. Comme les projets d’artistes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des Ɠuvres authentiques et reproductibles, les magazines d’artistes passent de simples transmetteurs d’information Ă  de vĂ©ritables mediums artistiques [5]. Le livre de Gwen Allen explore cette transformation Ă  travers l’étude prĂ©cise de sept publications, qui apparaissent de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, Ă  un moment oĂč les artistes de l’avant-garde s’intĂ©ressent Ă  l’art conceptuel et aux autres formes de pratiques artistiques comme le land art, les installations, la performance et l’art vidĂ©o. Ces magazines illustrent ainsi parfaitement la pluralitĂ© des formes artistiques qui apparaissent au cours des annĂ©es 1970, accompagnant le dĂ©clin du modernisme tardif high modernism. Aspen, publiĂ© Ă  New York de 1965 Ă  1971, prend par exemple la forme d’un magazine tridimensionnel contenant divers objets d’art, tandis que 0 to 9 1967-1969, Avalanche 1970-1976, Art-Rite 1973-1978, et Real-Life 1979-1994, tous publiĂ©s Ă  New York, documentent les activitĂ©s artistiques des groupes d’artistes implantĂ©s dans le sud de la ville Downtown Manhattan. Le livre offre enfin une perspective internationale en s’intĂ©ressant Ă  File 1972-1989 et Interfunktionen 1968-1975, deux magazines documentant les scĂšnes alternatives de Toronto Canada et Kassel Allemagne. Gwen Allen est une historienne de l’art dont les travaux sur les publications d’artistes prĂ©sentent un aspect relativement nĂ©gligĂ© de l’histoire des Ɠuvres [6]. Son travail met en effet en valeur ce qui est d’ordinaire perçu comme pĂ©riphĂ©rique Ă  l’Ɠuvre d’art les publications courtes qui les font connaitre et les discutent. En explorant de surcroĂźt les liens qui existent entre l’art et la culture des nouveaux mĂ©dias dans les annĂ©es 1960 et 1970 [7], le livre rappelle et prolonge les Ă©crits prĂ©coces de Walter Benjamin sur la reproduction et la distribution de l’Ɠuvre Ă  travers les mĂ©dias de masse, la perte de son aura en tant qu’Ɠuvre unique et son potentiel gain de pouvoir politique [8]. À travers huit Ă©tudes de cas, Gwen Allen propose un panorama trĂšs fouillĂ© des changements artistiques qui eurent lieu en AmĂ©rique du Nord et en Europe au moment oĂč l’art conceptuel devient une pratique de plus en plus courante parmi les artistes, et le formaliste un discours de plus en plus critiquĂ© pour son Ă©litisme et son refus d’accepter de nouvelles formes d’art. En plus de ces sept Ă©tudes de cas, Gwen Allen propose dans les annexes un compendium international – et trĂšs bien illustrĂ© – des principaux magazines d’artistes publiĂ©s entre 1945 et 1989. De nouveaux mediums pour l’art d’avant-garde À la fin des annĂ©es 1960, l’art conceptuel apparaĂźt comme une nouvelle forme d’art dont le principe repose sur l’idĂ©e, ou le concept, qui est Ă  l’origine de l’Ɠuvre. L’importance ne se trouve plus dans la matĂ©rialisation physique de l’Ɠuvre, ou dans ses qualitĂ©s esthĂ©tiques finales, mais dans l’idĂ©e initiale qui l’a produite [9]. L’art conceptuel ne transforme pas simplement la dĂ©finition de l’Ɠuvre, elle en modifie Ă©galement profondĂ©ment les modes d’exposition. L’art conceptuel ne produit plus des objets uniques, mais un sous-ensemble Ă©trange de documents – des textes, des photographies, des cartes, des listes, des diagrammes [10] » p. 15. Le magazine de Vito Acconci, 0 to 9, offre un bon exemple de la façon dont le langage peut ĂȘtre utilisĂ© afin de produire des Ɠuvres conceptuelles les magazines Ă©laborĂšrent rapidement une comprĂ©hension nouvelle de ce que la matĂ©rialitĂ© du langage pouvait apporter, tandis que les poĂštes et les artistes poussaient le langage au-delĂ  de son existence bidimensionnelle sur la page [11] » p. 77. Autrement dit, les Ɠuvres conceptuelles se dĂ©tachent dans les annĂ©es 1970 des mediums traditionnels comme la peinture et la sculpture, et reposent sur une plus grande variĂ©tĂ© de mĂ©diums comme les livres, les affiches, les catalogues d’exposition, les livrets photocopiĂ©s, et les magazines » Gwen Allen montre ainsi comment, au cours de cette pĂ©riode, le magazine d’art devient un support idĂ©al, et donc un nouveau medium bidimensionnel, grĂące auquel les artistes peuvent exposer leur travail autrement. La plus grande partie du livre est consacrĂ©e aux nouvelles relations Ă©tablies entre ces magazines et les Ɠuvres d’art conceptuelles qui y sont reprĂ©sentĂ©es par le biais de projets d’artistes originaux, visibles uniquement dans les pages de ces magazines. Dans son numĂ©ro de printemps 1972, le magazine Avalanche publie les Page Drawings de Sol Lewitt, un travail qui consiste en une sĂ©rie d’instructions imprimĂ©es que les lecteurs peuvent suivre et appliquer directement sur la page, utilisant cet espace comme un support pour une Ɠuvre unique et participative. Art-Rite, un magazine Ă©galement publiĂ© Ă  New York et documentant la scĂšne alternative de SoHo, confie la rĂ©alisation de sa premiĂšre de couverture aux artistes Christo emballa’’ le numĂ©ro 5 d’une couverture en trompe-l’Ɠil imitant un sac en papier brun, une image faisant rĂ©fĂ©rence aux emballages architecturaux et scĂ©niques monumentaux de l’artiste, mais Ă©galement Ă  la façon dont on emballait habituellement les magazines pornographiques dans des sacs en papier [12] » p. 129. Les artistes utilisent ainsi la matĂ©rialitĂ© des pages de magazines comme des mediums bidimensionnels. Parfois, ces Ɠuvres imprimĂ©es vont jusqu’à transformer le magazine en objet tridimensionnel, ou autrement dit en vĂ©ritable espace d’exposition. Le magazine Aspen est par exemple conçu comme une boĂźte en carton contenant des objets artistiques reproductibles, tels que des pamphlets, des livrets de divers formats, des articles, des projets d’artistes, des disques, et des films. En tant que nouveau medium, le magazine d’artistes rend la frontiĂšre poreuse entre les Ɠuvres originales et leur reproduction. Il s’interroge aussi simultanĂ©ment sur son propre statut Ă©tait-ce un magazine d’art ? Etait-ce un espace d’exposition ? Etait-ce la combinaison de ces deux choses ? [13] » p. 97. L’auteur nous renvoie aux questions complexes que soulĂšve la prĂ©sence de ces nouvelles formes d’art dans les annĂ©es 1960 et 1970, des questions qui s’étendent au statut des magazines d’art, comme en effet miroir. Les enjeux d’authenticitĂ© et de reproduction concernent aussi d’autres formes d’art processuelles que ces magazines documentent les performances, les installations, le Land Art. Quel est par exemple le statut des photographies documentant les performances de Vito Acconci et Gordon Matta Clark ? Qu’est-ce qui, de ces photographies ou de la performance elle-mĂȘme, reprĂ©sente l’Ɠuvre d’art authentique ? Selon Gwen Allen, les magazines d’artistes peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme des mediums artistiques en raison de leur nature essentiellement flexible et Ă©phĂ©mĂšre. En tant que publications instables, dont la durĂ©e de vie est courte, ces magazines peuvent ĂȘtre modifiĂ©s d’un numĂ©ro sur l’autre, avec une souplesse qui rĂ©pond parfaitement aux spĂ©cificitĂ©s des nouvelles pratiques artistiques. Le format tridimensionnel de Aspen permet par exemple d’intĂ©grer une pluralitĂ© de formes artistiques son format multimĂ©dia Ă©tait un atout essentiel, permettant Ă  la fois de documenter, mais Ă©galement de stimuler la diversitĂ© croissante de formes d’art utilisant les nouveaux mĂ©dia [14] » p. 47. Au cours de deux annĂ©es 1967-1969, le contenu du magazine de Vito Acconci O to 9 change progressivement avec chaque numĂ©ro, accompagnant la progression de l’artiste de la poĂ©sie expĂ©rimentale vers la performance. Des espaces d’exposition alternatifs Si Gwen Allen Ă©tudie et illustre avec minutie le fonctionnement interne de ces sept magazines amĂ©ricains, canadien et allemand, elle s’attache Ă©galement Ă  les replacer dans le contexte politique de leur publication. Un coup d’Ɠil rapide Ă  ce contexte montre que le contenu des magazines d’artistes n’a pas simplement un impact artistique, mais qu’il possĂšde aussi une valeur politique et sociale [15]. En effet, de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, le monde de l’art institutionnel et marchand est violemment critiquĂ© par l’avant-garde artistique qui dĂ©nonce les pratiques racistes, sexistes et Ă©litistes des musĂ©es et galeries, Ă  New York, mais Ă©galement Ă  Toronto et Kassel. La consĂ©quence immĂ©diate de cette critique formulĂ©e Ă  l’encontre du monde de l’art traditionnel mainstream art world est le dĂ©veloppement d’un mouvement artistique alternatif [16] », auquel Gwen Allen relie explicitement la publication des sept magazines dont elle dresse ici le portrait. Tout comme les espaces alternatifs qui se dĂ©veloppent Ă  la mĂȘme Ă©poque pour contrer les habitudes conservatrices des musĂ©es et des galeries d’art, les magazines d’artistes cherchent Ă  s’émanciper du monde institutionnel et marchand, afin de crĂ©er un nouveau public et de renouveler le genre du magazine lui-mĂȘme tout comme les espaces et les collectifs indĂ©pendants et Ă  but non lucratif gĂ©rĂ©s par les artistes, les magazines remirent en question les institutions et l’économie du monde de l’art traditionnel [17] » En comparant le fonctionnement des magazines d’artistes Ă  celui des espaces alternatifs, l’auteur Ă©tend les idĂ©aux politiques et artistiques de la scĂšne alternative aux magazines d’artistes. Les magazines d’artistes cherchent eux aussi Ă  se placer en dehors des circuits marchands les galeries d’art et institutionnels les musĂ©es. À cette fin, ils dĂ©veloppent diverses stratĂ©gies Ă©ditoriales leur permettant d’exposer des Ɠuvres originales sans l’aide des galeries ; l’élaboration de nouveaux discours sur l’art leur permet en outre de transformer la critique d’art. L’auteur nous rappelle de ce fait la nature essentiellement alternative de l’art conceptuel, dont l’idĂ©al dĂ©mocratique originel est de contourner le marchĂ© de l’art avant d’ĂȘtre lui-mĂȘme rĂ©cupĂ©rĂ© par ce mĂȘme marchĂ© dans les annĂ©es 1970. En imprimant des Ɠuvres accessibles Ă  un plus large public, les magazines d’artistes rĂ©pondent prĂ©cisĂ©ment Ă  cette ambition politique. Les artistes n’ont plus besoin ni des musĂ©es ni des galeries commerciales pour exposer leur travail puisqu’ils ont Ă  leur disposition l’espace du magazine. Gwen Allen fait donc remarquer que l’art conceptuel est l’un des premiers espaces permettant d’échapper Ă  ce que Brian O’Doherty identifie quelques annĂ©es plus tard comme le Cube Blanc » White Cube ou encore l’idĂ©ologie de la galerie » the Ideology of the gallery [18]. En tant qu’espaces d’exposition, les magazines d’artistes sont devenus dans les annĂ©es 1970 des sites d’exposition alternatifs, contrĂŽlĂ©s exclusivement par les artistes. Ces magazines ont enfin pour but de dĂ©velopper des rĂ©seaux sociaux alternatifs. Selon Gwen Allen, la circulation des magazines permet de former de nouveaux contre-publics », un terme que l’auteur emprunte Ă  Oskar Negt et Alexandre Kluge [19] afin de faire rĂ©fĂ©rence aux groupes sociaux mineurs qui se dĂ©veloppent en marge de la sphĂšre publique dominante [20]. Souvent issus de la collaboration de plusieurs artistes, la plupart des magazines ont pour origine des communautĂ©s d’individus plus ou moins bien structurĂ©es, des communautĂ©s qu’ils tentent d’étendre et de renforcer grĂące Ă  la publication rĂ©guliĂšre de leurs numĂ©ros. Parmi les exemples dĂ©veloppĂ©s ici, Avalanche est ainsi trĂšs proche de la communautĂ© artistique de SoHo Avalanche servait de guide de SoHo » p. 95 [21]. Avec un tout autre objectif Ă©ditorial, le magazine de Vito Acconci 0 to 9 cherche Ă  dĂ©finir une communautĂ© d’écrivains et de lecteurs dans laquelle trouver des individus qui partageraient l’esprit du magazine et ainsi de dĂ©couvrir un public [22] » D’autres magazines sont directement publiĂ©s par des espaces alternatifs spĂ©cifiques, Ă  l’exemple de File, publiĂ© Ă  Toronto par les artistes de General Idea, un espace alternatif local. MĂȘme si la question du public n’est pas abordĂ©e dans le dĂ©tail au cours des chapitres sans doute par manque d’information sur ce thĂšme, l’auteur insiste sur la prĂ©sence initiale de ces communautĂ©s d’artistes, ainsi que sur leur rĂŽle essentiel dans la dĂ©finition de l’identitĂ© alternative de ces magazines. La lecture de ce premier livre de Gwen Allen permet donc de comprendre les nouveaux rĂŽles assignĂ©s aux magazines d’artistes dĂšs la fin des annĂ©es 1960 ; utilisĂ©s comme de nouveaux mĂ©diums pour l’avant-garde artistique et comme des espaces d’exposition alternatifs, Gwen Allen explique aussi comment et pourquoi ces publications sont essentielles Ă  la production artistique d’une Ă©poque qui constitue pour les arts visuels une transition du modernisme vers le postmodernisme. Les numĂ©ros relativement rares de ces magazines, publiĂ©s il y a tout juste quelques dĂ©cennies, sont aujourd’hui des objets de commerce prĂ©cieux dont les prix peuvent atteindre des sommes extravagantes. Ainsi rĂ©intĂ©grĂ©es au marchĂ© de l’art, il est lĂ©gitime de s’interroger sur le succĂšs des ambitions dĂ©mocratiques initiales de ces publications. MalgrĂ© tout, leur pertinence en tant que nouveaux mĂ©diums artistiques ne fait aucun doute et la rĂ©cente publication du facsimilĂ© des treize numĂ©ros d’Avalanche [23] est bien la preuve que leur contenu artistique ne cesse d’intĂ©resser.

tdgY.
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